Populisme, le danger – 2

Par Jean-Pierre Rosa

Le Front national ne présente pas seulement le danger de se passer, « si besoin est », de la démocratie et de ses institutions – ce qui conduit tout droit, l’histoire est là pour nous le rappeler, à la dictature – il appuie aussi son discours et son succès sur la désignation d’un ennemi « extérieur ». La liste est longue des ces fauteurs de troubles, qui sont d’autant plus dangereux et facilement accusables qu’ils sont lointains et électoralement muets. Sont ainsi dénoncés l’Europe, toujours technocratique et envahissante – par opposition à la nation, toujours vertueuse et acculée par les partis de gouvernement à la reddition ; les immigrés, toujours profiteurs – par opposition aux gens de chez nous, toujours exploités, l’islam qui, ironie de l’histoire, a pris la place des Juifs! – par opposition au mode de vie culturellement façonné par le catholicisme ; les partis, tous les partis voués aux luttes politico-politiciennes et aux promesses non tenues – par opposition au seul parti qui représente le peuple et veut son bien.

On peut écouter jusqu’à plus soif les discours frontistes, on y retrouvera toujours cette rhétorique de la dénonciation et de l’auto légitimation. C’est le mélange de ces deux éléments : le court-circuit institutionnel brandi comme la vraie démocratie directe ajouté à la désignation de l’ennemi qui constitue la menace la plus grave. Et ce d’autant plus qu’elle vise souvent juste et se propose de refuser la fatalité, l’impuissance, le déclinisme …

La responsabilité des partis de gouvernement est grande bien sûr, mais elle est partielle. Il faut compter aussi avec la panne de l’économie et la montée des inégalités, avec une mondialisation de plus en plus subie dont nous ne voyons plus bien la dynamique humanisante. Enfin la sclérose des catégories sociales (les taxis, les vieux, les jeunes, etc… ) qui arc-boutent sur leurs avantages acquis et bloquent imparablement toute volonté de réforme est réelle. Elle nourrit à la fois l’animosité et le sentiment d’impuissance.

Mais n’avons-nous pas nous aussi, chacun à notre place, notre part de responsabilité face à ces tendances lourdes ? Comment nous situons-nous par rapport aux inégalités, aux avantages acquis ?

A suivre…

Par Jean-Pierre Rosa, membre de l’équipe du blog

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