image du robot Nao

L’homme, une simple étape entre animal et cyborg ?

Par Jean-Pierre Rosa

L’outil est – dit-on – le propre de l’homme. Au point que certains anthropologues ont pu penser que la différence fondamentale entre l’homme et l’animal résidait dans la capacité à créer des outils… Jusqu’à ce que l’on s’aperçoive qu’un chimpanzé un peu affamé pouvait se servir d’un morceau de bois pour aller chercher à manger et qu’une corneille pouvait tordre un morceau de fil de fer pour aller chercher sa nourriture.

On en était resté là, ou presque, de notre réflexion sur l’homme et ses outils : une sorte de continuité native entre l’homme et l’animal ne semblait guère poser de problème. D’autant plus qu’entre temps l’humanité avait fait bien du chemin. Les chimpanzés ne pouvaient pas rivaliser. Mais la question nous revient aujourd’hui en boomerang par l’autre bout si l’on peut dire : jusqu’où nos machines, de plus en plus intelligentes et autonomes seront-elles encore différentes de nous ? Et voilà que se dessine le rêve un peu fou de l’idéologie transhumaniste qui consiste à imaginer que l’on peut enrichir tellement l’homme de prothèses intelligentes diverses et variées qu’il en finit par devenir… un autre. Un post humain, un cyborg. Et aussitôt on s’inquiète… ou l’on s’enthousiasme, c’est selon.

Pourtant, entre temps, nous aurions pu réfléchir à l’extension indéfinie de notre maitrise technicienne. Les ajouts innombrables qu’elle a offerts à l’homme lui donnent une sorte de droit à nous promettre un avenir radieux. Revenons en arrière : le feu, la roue, la brouette, l’arc et ses flèches, la machine à vapeur, la machine à tisser, à concasser, à laver, le fusil, la voiture, l’avion, la fusée, le téléphone, l’ordinateur, le smartphone, les prothèses, le pacemaker, tous ces outils, de plus en plus sophistiqués, s’inscrivent dans une sorte de prolongement logique. Et ils s’approchent de plus en plus de notre corps, jusqu’à nous procurer, lorsqu’on y réfléchit, un sentiment d’envahissement. Mais peut-on, et comment, fixer une limite stricte à ce progrès indéfini et accéléré ? Au nom de quoi ? Où fixer le curseur ? Quelles sont les règles, les normes, les instances qui peuvent décider d’interdire à l’homme d’outrepasser certaines limites dont nous sentons confusément qu’elles sont inhérentes à notre humanité ?

Et si la question était plutôt de savoir non pas ce qui nous défigure mais ce qui nous rend plus humains ?

Cette interrogation – et bien d’autres – sera au cœur de la prochaine session des Semaines sociales de France qui se tiendra à Lille les 21-23 novembre 2014.

 

Jean-Pierre Rosa, Semaines Sociales de France, coordinateur de la Tribune des Semaines Sociales

1 Commentaire

  1. WALLON Annie

    En 2001, Steven Spielberg a présenté un film « grand public » : IA (Intelligence Artificielle) catégorie : science fiction, aventure, drame;
    Synopsis : « le professeur Kobby veut aller plus loin que les robots domestiques en créant le 1er androïde sensible : un enfant capable de développer un vaste répertoire d’émotions et de souvenirs »
    Il me semble que le film Transcendance de Wally Psifter qui sort aujourd’hui aborde le sujet de la session : »un scientifique travaille sur un projet d’ordinateur nouveau genre, doté d’une conscience autonome. Lorsqu’il est assassiné, sa femme décide d’implanter l’esprit du défunt dans la machine……

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