Beaucoup a été dit sur le transhumanisme, cette idée futuriste selon laquelle l’on pourrait « améliorer » l’espèce humaine à la fois sur le plan intellectuel et physique jusqu’à créer des êtres « post-humains » (« Humanity + ») qui ne connaitraient ni la maladie, ni la souffrance, ni la vieillesse, ni la mort. Tout cela en utilisant un ensemble de techniques appartenant à des champs différents, comme la génétique, les nanotechnologies, les neurosciences, l’intelligence artificielle, les interfaces homme-machine ou l’électronique1. On peut bien sûr louer l’aspect interdisciplinaire de ces travaux et l’ambition de soigner plus efficacement les maladies, interroger la faisabilité « technique » de cet « homme augmenté », questionner le fanatisme scientiste qui est à l’œuvre, s’inquiéter des intérêts financiers et des enjeux de pouvoir le sous tendent, etc. Mais une chose qui semble débattue plus rarement est le modèle de « perfection » qui se cache derrière ce projet. En effet, des « améliorations » sont attendues dans le domaine purement physique (absence de maladie, de handicap, absence d’effets du vieillissement), dans les aspects cognitifs (amélioration de la mémoire, du raisonnement) et psychologiques (amélioration de la résistance au stress), ce qui sous entend que selon le projet transhumanisme la perfection se situe là. Les adeptes passionnés du transhumanisme ne nous parlent pas d’amélioration dans le domaine du comportement éthique, de l’attention à autrui ou de l’empathie. Est-ce parce que les protagonistes devinent sans se l’avouer, que malgré leur scientisme et leur réductionnisme assumé, ces aptitudes ne dépendent pas de la génétique, ne peuvent pas être transférés aisément dans une puce artificielle ? Ou est-ce que leurs motivations sont à chercher dans leur modèle d’humain « augmenté », dans lequel la perfection proposée ne concerne en rien ces qualités de perfection dans la relation ? Pourtant, si on veut «améliorer» l’Homme de demain, c’est sans doute là le domaine dans lequel il est le plus urgent d’agir, en incitant chacun à s’engager tout simplement à se soucier de l’autre au quotidien.
Par Catherine Belzung, membre du CA des SSF
Madame,
Vous écrivez : « une chose qui semble débattue plus rarement est le modèle de « perfection » qui se cache derrière ce projet »
Doit-on voir dans le transhumanisme la quête d’un nouveau bohneur ?
Ce bonheur traduit par la recherche inconditionnelle du bien-être. Il n’y aurait qu’à échapper à nos faiblesses physiques, psychiques, spirituelles. pour acccéder au bohneur.
Pour autant, l’humanité ne nous a-t-elle pas déjà démontrée combien l’homme peut être malade et heureux, pauvre et heureux.
L’histoire de l’homme ne nous enseigne-t-elle pas que la liberté est une condition du bonheur ? (révolutions populaires, lutte contre la censure, liberté de culte, …)
Quel contemporain nie avoir besoin d’être aimé et d’aimer ?
Tout cela pour constater que Liberté et Amour restent deux facteurs structurant la vison chrétienne de l’Homme.
Est-il possible d’envisager un transhumanisme / un homme augmenté compatible avec cette vison chrétienne et universelle de l’Homme ?
Je crains qu’il ne puisse y avoir de réponse sans que les peuples ne se posent la question. Le transhumanisme doit être expliqué et le projet vulgarisé pour le rendre accessible au plus grand nombre.
Merci aux SSF pour cette session sur les tehcnosciences.
Au plaisir de poursuivre ces reflexions.