Hémicycle du Parlement européen

Les ingrédients d’une crise politique européenne

Par Jérôme Vignon

Alors que les débats post électoraux en France se focalisent d’abord sur notre situation intérieure, il vaut la peine de regarder l’horizon européen des prochains mois car les nuages d’une vraie crise politique s’y amoncellent. Comme en 2009, contrairement à ce que laissaient attendre certains sondages, les électeurs européens ont plutôt fait confiance aux partis conservateurs rassemblés au sein du Part Populaire Européen pour gérer la « sortie de crise ».

Les sociaux-démocrates européens qui espéraient au moins faire jeu égal sont perdants. Mais par contraste avec 2009, les partis ultra-nationalistes ou d’extrême gauche font une percée remarquable, ce qui reflète à tout le moins le désarroi de jeunes générations dont les perspectives n’ont jamais été aussi sombres dans plusieurs grands pays, y compris le nôtre. Il faudra beaucoup de clairvoyance aux dirigeants européens majoritaires, anciens et nouveaux, pour admettre que la stratégie actuelle n’est pas suffisante. Certes la rigueur dans les pays endettés est incontournable; mais de l’Union elle-même, il faut attendre une véritable impulsion de croissance à long terme.

Certes l’accès à la formation et la mobilité professionnelles sont des atouts pour l’emploi, mais tels quels ils sont en réalité inaccessibles à beaucoup de jeunes précaires qui s’enfoncent. Des actions plus innovantes sont indispensables. Puisque l’équilibre des forces politiques au plan européen ne porte pas spontanément à cet approfondissement de la stratégie européenne, le risque de crise, c’est-à-dire de rejet de la direction commune par un pays isolé, est réel désormais. Pour que l’Union Européenne sorte un jour grandie de ce qui est déjà une crise de confiance, j’appelle de mes vœux une responsabilité politique européenne : commissaires et ministres doivent s’expliquer devant les opinions publiques de leurs propositions ou de leurs décisions.

J’en appelle aussi à la sagesse de ceux qui gouverneront l’Union pour qu’ils prennent en compte les impasses que vivent les chômeurs et les jeunes.

Jérôme Vignon

Président des Semaines sociales de France

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Photo : © European Union 2014 EP

4 Commentaires

  1. Olivier COLLOMB

    Votre commentaire, Monsieur le président et Cher Monsieur, est factice comme l’était votre billet antérieur aux élections. Il n’y a point de peuple européen, il n’y a point de citoyens européens. Il y a des nations européennes dont il faut concilier les fiertés et les intérêts. Le prétendu  » Parti populaire européen » est un cartel de partis nationaux; le prétendu « parlement européen » aux vingt-huit langues est une conférence internationale et rien de plus. M. Manent, en 2012 je crois, avait montré dans une de vos séances l’inanité du fédéralisme européen. Il y a en France une majorité relative pour repousser vos projets comme, en 2005, il y avait eu une majorité absolue pour s’y opposer. Mais vous entendez continuer imperturbable, feignant de croire qu’il s’agit de politique économique, de chômage et de formation. Et vous vous étonnerez du résultat.
    Quod vult Jupiter perdere dementat – je crains fort que votre opinion en soit là.

  2. Si nous n’élargissons pas notre horizon à l’ensemble de l’Europe et restons confinés dans notre périmètre hexagonal, nous n’avons aucune chance de surmonter les crises actuelles qui sont sans précédent. Les réponses simplistes des extrêmes (droite et gauche) ne sont que des leurres qui retardent toute solution et précipitent la catastrophe.

  3. Guy Devillebichot

    message destiné à Mr. Jérôme Vignon.
    1-j’ai sans doute mal cherché,mais je n’arrive pas à accéder au résumé de
    l’intervention
    de Michel Camdessus,dont il est dit pourtant (cf.la lettre des SSF de juillet 2014)
    qu’il
    est disponible en anglais.A-t-il été supprimé?Et si oui,pourquoi?
    2-Mr.Camdessus vous a-t-il informé de l’existence d’un « thèorème de l’intérêt » qui lui
    fût
    communiqué dès la fin de l’année 2005?(en tant que président des SSF)L’analyse
    en
    question établit à la fois théoriquement et empiriquement que les intérêts des
    emprunts extérieurs sont PAYES DEUX FOIS .
    3-L’auteur de ce thèorème,décédé fin mars dernier,a rédigé avant de mourir un
    texte nouveau qui établit que ce DOUBLEMENT(dont aucun économiste n’a encore
    eu connaissance)concerne LES EMPRUNTS EXTERIEURS EUX-MEMES.Ce texte
    (posthume),qui s’adresse à Mme Lagarde et plus généralement aux membres de la
    « Troîka »,sortira en anglais sur la Toile avant début novembre(et le texte en français
    sortira peu après)Pas étonnant dès lors que les « dettes » s’accumulent comme on le
    « sait ».L’auteur de ces analyses,universitaire français ,médaille de Bronze(1961) et
    d’argent(1973)du CNRS,a DECOUVERT LA PARADE TECHNIQUE disponible pour
    tout Etat qui le souhaite.(le concept de « dette souveraine »en est enfin clarifié.)
    4-Information à communiquer s’il vous plait à Mr Michel Camdessus,ainsi qu’à
    l’attention des organisateurs de la 89ième session des SSF. En effet,les « sciences
    économiques »
    ,font partie des « technosciences »(même si dans leur version « dominante » elles
    ignorent les PATHOLOGIES PROFONDES qui existent
    et qui tiennent notamment

    à l’ABSENCE D’UN SYSTEME MONETAIRE INTERNATIONAL
    en tout cas depuis 1971,comme le sait tout citoyen européen.digne de ce nom.

    (Chose naturellement délaissée aux USA,et bien sûr à l’ENSAE,j’imagine).

  4. devillebichot guy

    A Monsieur Jérôme Vignon,

    Avez-vous pris connaissance de mes questionnements?Ils restent d’une brûlante
    actualité,hélas.A quoi bon présider une association comme les SSF,et sur,entres
    autres,des thèmes européens,si les travaux de recherche d’un économiste tel que
    Bernard Schmitt (1929-2014) sont ignorés VOLONTAIREMENT.? Quid depuis tant
    de mois passés sans évolution nécessaire des idées(à l’humble avis d’un adepte de
    la construction européenne dès le 1er janvier 1958,à l’âge de 20 ans).?

    Avec mes civilités.

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