Par Dominique Quinio
Quelques jours à peine après le drame de Nice, après un attentat perpétré en Allemagne, un autre en Irak, c’est la communauté catholique de France qui se trouve frappée, en la personne d’un prêtre assassiné au moment même où il célébrait la messe, en semaine, devant une petite communauté de fidèles dont l’un était grièvement blessé. Deux hommes ont perpétré cet attentat à l’arme blanche, revendiqué très rapidement par Daesh. Malmené sur le terrain militaire, le groupe Etat islamique incite ses « soldats » à frapper, en Europe, les mécréants, autrement croyants ou incroyants, juifs ou chrétiens, voire des musulmans dans des tueries de masse sur des lieux de loisirs et de fête.
Un attentat, déjà, avait été déjoué à Villejuif, le 19 avril 2015, qui visait des églises catholiques. Si humble symbole de ces « ennemis » à combattre, le prêtre tué dans une église de Saint-Etienne du Rouvray en Seine-Maritime, le P. Jacques Hamel, âgé de plus de 80 ans, retraité, continuait à participer à la vie paroissiale, « toujours prêt malgré son âge à entrer en action », selon le témoignage de son ancien curé.
Les responsables catholiques – plusieurs évêques sont actuellement présents au JMJ de Cracovie –, douloureusement frappés, appellent les catholiques à ne pas s’enfermer dans la haine ou la peur, mais plutôt à lutter avec leurs armes que sont la miséricorde et la prière, pour construire la paix et la fraternité. Leur émotion a été relayée par plusieurs responsables musulmans français, disant leur indignation et leur solidarité avec leurs frères chrétiens. Ils ne peuvent, ces responsables et l’ensemble des croyants musulmans, si sensibles à la notion de blasphème, rester indifférents au lieu et au moment choisis pour commettre le crime : la célébration eucharistique au cœur d’une église paroissiale…
Les évêques français – on le comprend dans l’insistance et la cohérence de leurs réactions – redoutent de voir leurs fidèles tomber dans le piège tendu par Daesh. Ces islamistes n’acceptent pas l’image d’une société où coexistent librement des croyants de différentes confessions. Or, notamment depuis l’attentat de Nice et les réactions des partis d’opposition contre l’impuissance du gouvernement à prévenir le terrorisme (le profil de l’un des agresseurs du P. Hamel, s’il se confirme, attisera, de fait, les interrogations sur l’efficacité des mesures prises pour surveiller les personnes à risque), la crainte et parfois la haine à l’égard de l’islam et de la communauté musulmane se renforcent. Daesh ou l’œuvre de division : y résister demande du courage et de la force d’âme, plus que l’esprit de vengeance.
Il importe également que toutes les composantes de la société française, si justement attachée à sa laïcité, n’oublient pas que la liberté de croire et de pratiquer sa religion (ou de ne pas croire d’ailleurs) est une liberté fondamentale, pas moins fondamentale que la liberté d’expression. Et qu’elle doit être défendue avec autant de force. Parce qu’elles sont les piliers de notre démocratie.
Dominique Quinio, présidente des Semaines sociales de France
Photo D.R.
Pilier de la démocratie… Un monde sans religion, obstiné par la construction de la fraternité, Pierre de voûte de notre trilogie républicaine, serait peut-être une solution…
Pierrot, Il y a des pays sans religion, genre la Corée du Nord, pas sûre que ce soit une super solution !!!! La liberté de croire ou non sans empiéter sur la liberté des voinsin-e-s, voilà une solution qui me semble plus efficace.
Des assassins se réclamant de l’Islam assassinent et j’entends dire que tous ceux qui se réclament de l’Islam sont des assassins ; « ne mangez pas de tous les arbres du jardin, nous mangeons le fruit des arbres du jardin mais pas le fruit de l’arbre au milieu du jardin. » (Gn 3, 1- 3)