Carnage de Nice : un coupable désigné

Par Jean-Pierre Rosa

Le carnage qui a eu lieu à Nice est odieux. Nous sommes unis à la souffrance des familles et des proches des 84 victimes et nous comprenons leur colère. Pourtant nous restons hésitants devant le qualificatif de l’acte suicidaire et meurtrier de ce conducteur fou. Attentat ? Terrorisme ? Ou bien désir de tuer et de mourir dans une sorte de rage insensée ? En l’état actuel du dossier on ne peut pas se prononcer avec une certitude absolue sur ce drame et ses raisons. Tout au plus faire des suppositions : une personnalité fragile, violente et dépressive, trouvant tardivement dans une idéologie de bazar une sorte de sens à un acte violent.

Comment le président a-t-il pu dire, quelques heures à peine après le drame qu’il s’agissait d’une « attaque dont le caractère terroriste ne peut être nié » ? Il n’avait aucune connaissance d’un dossier … qui n’existait pas encore ! Parler de terrorisme c’était déjà s’engager beaucoup mais qualifier l’acte d’ « attaque » est d’une grande irresponsabilité. Et ceci en l’absence de toute revendication d’où qu’elle vienne. Bien sûr Daech n’a pas tardé à saisir la perche qu’on lui tendait et à revendiquer un acte que le président lui-même lui avait déjà attribué.

Il y a, dans cette désignation immédiate d’un « ennemi de l’extérieur », quelque chose de profondément malsain pour les institutions et pour le pays. Quel juge osera désormais dire : « Non, excusez-moi Monsieur le président mais ce personnage s’est auto-manipulé, le terrorisme n’y est pour rien. Ou pas pour grand chose. Il a servi de prétexte, rien de plus ». Qui osera ajouter : Ce n’est pas à l’extérieur qu’il faut chercher les racines du mal, mais en nous, dans notre société, dans la violence de ses inégalités, dans le totalitarisme mou qui l’anime où tout semble réglé d’avance aussi loin que puissent aller les manifestations et les oppositions comme on l’avait vu avec la loi Taubira et comme on vient de le voir à nouveau avec la loi El-Khomri. Des personnalités fragiles peuvent en conclure qu’on ne peut plus désormais s’opposer à cette société que par la violence.

Jean-Pierre Rosa, membre des SSF

photo Instagram @jcdecastelbajac : « La baie des Anges+ »

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