Par René Poujol
La crise écologique est devenue une évidence. Mais prétendre que la parution de Laudato Si’, quelle qu’en soit la qualité intrinsèque, marquerait pour l’Église une manière de prendre le train en marche tient de la polémique stérile. Les Français, pour ce qui les concerne, ont découvert l’écologie en 1974 avec la candidature de René Dumont à la Présidence de la République. Or, quatre ans plus tôt, à la tribune de la FAO, le pape Paul VI déclarait : «La détérioration progressive de ce que qu’il est convenu d’appeler l’environnement risque de conduire à une véritable catastrophe écologique.» On aimerait, rétrospectivement, que nos politiques et intellectuels français aient fait preuve, à l’époque, d’une égale intuition.
L’Église s’est emparée depuis longtemps de la question environnementale. Elle le fait d’autant plus volontiers que ce qui est en cause est l’avenir de la Création qui, selon la Bible, nous a été donnée par Dieu en héritage. Or, qui dit écologie sous-tend le saccage de la nature dont l’homme serait le principal responsable. De ce point de vue l’encyclique du pape François confirme les approches scientifiques du Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). C’est bien l’activité humaine qui est aujourd’hui la cause du réchauffement climatique et non le retour d’un cycle naturel (23). Et cette interprétation, finalement, convient tout à fait à la religion chrétienne dont l’un des dogmes porte sur la faute originelle et l’existence de l’homme pécheur.
L’originalité profonde de l’approche que nous offre le pape François est d’élargir le concept d’écologie, à une écologie intégrale. Ce qui le conduit à écrire notamment : «L’écologie suppose aussi la préservation des richesses culturelles de l’humanité.» (143) Or, qu’est-ce que la culture, sinon ce que l’homme, au cours des siècles est venu ajouter à la nature ? Défendre la Création ne se limite donc pas à protéger ce que nous avons reçu de Dieu en héritage mais aussi ce que l’homme lui a apporté d’enrichissement, au travers de la mission de co-création confiée par Dieu lui-même. Le pape François n’enferme pas l’homme, croyant ou non croyant, dans un statut de prédateur mais reconnaît également en lui un créateur de richesse et de beauté.
En appelant l’homme à défendre et préserver la Création, le pape François l’invite non seulement à reconnaître avec reconnaissance le don de Dieu mais également à prendre soin de ce que lui-même a donné au monde.
René Poujol
Il est vrai que par le passé l’Eglise a parlé de l’environnement, son discours a manqué de force et a été noyé sous la surabondance de publication sur les moeurs qui a été répercutée avec délices par les journalistes!
Enfin donc une parole forte sur un problème crucial qui concerne l’humanité entière.