Par Catherine Belzung
Le succès actuel du Front National dans les enquêtes d’opinion s’explique par bien des ressorts, parmi lesquels l’attrait pour un contournement des institutions, ou la désignation d’un ennemi extérieur L’un d’entre eux est le discours « décliniste », un discours basé sur la crainte d’une sorte de relégation de la France, et ceci tant du point de vue économique que du point de vue social. Dans cette entreprise de dénigrement, la France aurait comme seul horizon la gestion de son déclassement.
Cet imaginaire du déclin crée une sorte de désenchantement qui, associé à l’idée que nous aurions perdu la maîtrise de notre destin, nourrit un profond sentiment d’impuissance. Bien sûr, il ne s’agit que d’un imaginaire : rappelons nous que la France reste tout de même la sixième puissance économique mondiale (et restera dans les huit premières dans les vingt qui viennent), qu’elle garde l’un des systèmes de protection sociale, et de prise en charge des soins que le monde entier nous envie et qu’elle occupe le second rang en Europe pour la qualité de vie. Certains livres récents tentent de lutter contre cette sinistrose, en démontrant qu’elle n’est en rien fondée, comme Les Trente glorieuses sont devant nous (Karine Berger et Valérie Rabault,), Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur (Michel Godet), Le Fabuleux destin d’une puissance intermédiaire, (Jean-Hervé Lorenzi) ou En finir avec les grincheux (Sibylle Vincendon).
Mais l’imaginaire, justement parce qu’il n’est pas basé sur des faits, facilite bien mieux que le réel les fantasmes les plus fous. Il se nourrit de la peur ainsi suscitée pour donner de la crédibilité à des solutions qui deviennent alors rassurantes, et le parti extrémiste de se présenter, sur le terrain de ces craintes basées sur la fiction, le seul sauveur possible.
A suivre…
Catherine Belzung, membre du Conseil des SSF