Massacres terroristes : pourquoi la France ?

Par Catherine Belzung

La liste des massacres terroristes liés à la radicalisation islamiste s’allonge malheureusement chaque jour . Rien que depuis l’été 2015, on déplore 30 morts à Ouagadougou (Burkina Fasso) le 15 janvier, 32 morts en Irak le 11 janvier (20 à Mouqdadiyah et 12 à Bagdad), 65 morts à Zilten (Lybie) le 7 janvier, 50 morts à Tall Tamer (Syrie) le 10 décembre, 30 morts le 6 décembre au lac Tchad, 21 morts à Bamako (Mali) le 20 novembre, 130 morts à Paris le 13 novembre, 42 morts à Beyrouth (Liban) le 12 novembre, 102 morts à Ankara (Turquie) le 10 octobre.

Ce qui frappe dans cette terrible liste, c’est que la France est le seul pays de l’Union européenne touché par ces attentats. Certes, il y a bien eu les fusillades de Copenhague en février 2015 mais c’est peu de chose par rapport à la situation en France. Est-ce le hasard ? Ou bien y a-t-il des explications à ce phénomène ? Beaucoup d’encre a coulé sur le sujet, certains incriminant l’attitude guerrière de la France dont l’armée combat (ou a combattu) sur plusieurs terrains menacés par des formes de radicalisation islamiste, comme au Mali, en Syrie ou en Lybie. Mais cette explication résiste peu à une analyse sérieuse, car d’autres forces occidentales sont elles aussi engagées dans ces actions, sans avoir été inquiétées dans les mêmes proportions. D’autres explications sont plus convaincantes, comme par exemple celle qui soutient que cela est dû au clivage entre jeunes diplômés et jeunes non diplômés, qui serait plus important en France que dans d’autres pays d’Europe, laissant peu de place pour un avenir professionnel épanouissant à ces jeunes, qui du coup s’orientent vers d’autres façons d’être mis en lumière. Enfin, une dernière explication incrimine le passé colonialiste de la France, qui a nourri beaucoup de ressentiment dans les pays maghrébins et africains.

Même si l’origine du terrorisme et de la radicalisation qui l’a précédé est multifactorielle et implique bien d’autres éléments que ceux mentionnés ici, l’intérêt de ces deux dernières explications réside dans le fait qu’elles constituent des leviers sur lesquels il est possible d’agir. En effet, améliorer la réussite scolaire dans les quartiers difficiles est possible, en mettant en œuvre une pédagogie plus inclusive et plus personnalisée. Mais bien sûr, c’est un effort de longue haleine. Par ailleurs, demander pardon – en réfléchissant aux demandes de réparation qui pourraient s’ensuivre – pour les dérives du colonialisme est facile à réaliser : il suffit d’un peu de courage et d’humilité. Et là, l’impact positif peut être assez rapide ! Comme quoi, il y a peut-être aussi d’autres réponses à apporter que l’état d’urgence et la déchéance de nationalité.

Catherine Belzung, membre du CA des SSF

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