Par Jean-Pierre Rosa
Dans une étude publiée le 18 juin dernier l’organisme d’État France stratégie montre que les charges liées aux enfants incombent, après une séparation, au « parent non gardien », quelque soit le niveau socio-professionnel du couple et sa configuration (travail des deux parents ou d’un seul).
La note propose, dans un souci d’équité, un certain nombre de mesures judiciaires ou sociales pour remédier à cet état de fait.
Or, dans l’immense majorité des cas, celui que la note appelle pudiquement le « parent non gardien » se trouve être le père. D’où la très légitime levée de boucliers des associations féministes estimant que l’étude ne prend pas en compte la situation de pauvreté des mères seules avec enfants.
L’organisme, conscient d’avoir fait un faux-pas dans le politiquement correct a fait des déclarations embarrassées d’où il ressort, très globalement, qu’il a entendu les contestations féministes mais reste sur ses positions.
Cette tempête dans un verre d’eau a bien sûr quelque chose de comique. On peut cependant en tirer deux leçons. La première, évidente, et que France-Stratégie souligne, c’est que « les deux parents perdent considérablement en niveau de vie après la séparation ». Cette conclusion apparemment banale n’est pourtant jamais vraiment mise en avant. Peut-être parce qu’elle souligne le drame à la fois humain et social que recouvre toute séparation. Elle avait cependant été déjà un peu explorée dans un ouvrage collectif paru il y a de cela quelques années (Quel avenir pour les familles, le coût du non-mariage, Bayard, 2006). La seconde leçon concerne la tension et le sentiment d’injustice que toute séparation entraine.
Non, décidément, le divorce n’est pas une bonne affaire. S’il y a lieu d’en rendre la charge équitable, peut-être conviendrait-il aussi, comme les Semaines sociales le proposaient à leur session de 2012 sur le thème « hommes femmes » de prévenir ces situations, notamment en généralisant les expériences locales de préparation des futurs conjoint au mariage. Proposition dérisoire ? Oui et non. D’un côté en effet, il serait absurde de prétendre tout résoudre par une proposition préventive aussi banale. Mais d’un autre côté cette proposition indique un état d’esprit, qui manque bien souvent ou alors revêt un caractère excessivement moralisateur : inverser la tendance, ne pas banaliser ce qui reste un tragédie et mettre tout en œuvre pour aller, fut-ce à contre courant des modes, dans le sens de ce que, au fond, les personnes souhaitent elles-mêmes : rendre possible la pérennité du lien.
Jean-Pierre Rosa, équipe blog des SSF