Le démariage et la famille : Démonter le système Théry I

Par Jean-Pierre Rosa, membre de l’équipe du blog

Après l’avoir présenté à la presse au printemps, Irène Théry vient de publier le rapport qui lui avait été demandé à l’automne 2013 par Madame Bertinotti, alors ministre des Affaires sociales en vue d’une prochaine loi sur la famille1. Ce rapport, écrit en grande hâte, est un texte de combat, bien représentatif de l’état d’esprit de tous ceux qui, comme elle, militent pour une ouverture de la PMA, GPA comprise, aux personnes mariées, pacsées ou non, de même sexe ou pas.

Irène Théry avait déjà utilisé le terme de démariage pour rendre compte d’une évolution de la société, des trajectoires individuelles et des mœurs qui se traduit essentiellement par la hausse du taux de divorces et son acceptation sociale. La conséquence de ce fait est l’augmentation des remariages mais surtout l’augmentation du nombre d’enfants vivant dans une famille recomposée (un sur 10 en France fin 2011 selon l’INSEE). 

Prenant cette évolution pour une donnée normative, Irène Théry propose que la filiation ne soit plus organisée par le mariage mais « par le seul lien indissoluble qui demeure tout au long de la vie : celui qui lie un parent à son enfant ». S’avançant encore, elle propose que « l’axe du droit commun de la famille ne soit plus le mariage mais la filiation ».

Sentant sans doute la faiblesse du raisonnement, Irène Théry met en avant « l’émergence de nouvelles valeurs familiales accompagnant la métamorphose contemporaine de la filiation » et ajoute avec une certaine emphase : « les valeurs de transmission, de dévouement, d’attention, de soin et d’éducation n’ont pas disparu avec l’avènement du démariage. Transformées, renouvelées, elles sont plus vivantes que jamais ».

Il ne s’agit donc pas de « nouvelles » valeurs puisqu’elles n’ont pas disparu. Quant à dire qu’elles sont « plus vivantes que jamais », c’est un peu rapide. Ce qui est sûr en revanche c’est que l’aspiration à la valeur classique d’indissolubilité reste vivante. Amour rime comme jamais avec toujours. Certes la réalisation concrète de cet idéal est devenue plus difficile car elle repose aujourd’hui, bien davantage que par le passé, sur la permanence du sentiment amoureux.

Mais est-il pour autant bien raisonnable de jeter aux orties l’idée même d’un couple durable et d’abandonner complètement la perspective d’un lien conjugal fort, socle de la famille ? Le rôle de la société, des institutions et des lois, est-il seulement de rendre toujours plus facile la dissolution du couple ou au contraire d’aider les couples à rendre plus solides ce lien conjugal ?

1 Filiation, origines, parentalité, Paris, Odile Jacob, septembre 2014

 

2 Commentaires

  1. DE SOULTRAIT Benoit

    La question de Jean Pierre Rosa est pertinente. Doit’on suivre l’évolution de la société et risquer un destin de feuille morte qui tombe au grès du vent ou devez nous nous accrocher à la Sagesse éternelle du Décalogue?: Tu honoreras ton père et ta mère pour vivre longtemps, Tu ne convoiteras pas la femme ( ou le maris) de ton voisin(voisine)… Beaucoup s’emploie à faire tomber ces tabous judéo-chrétiens et à théoriser de nouvelles règles de vie en société dont les conséquences négatives sur la vie de la société sont incalculables. Rien ne peut remplacer valablement la Sagesse divine.

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