Par Jean-Pierre Rosa,
Cette fois, c’est le rôle de la loi qui va nous servir de guide dans la lecture du rapport d’Irène Théry. Ce texte a en effet l’étrange particularité de se présenter comme fondateur d’un « nouveau droit de la famille » alors qu’il est, en réalité d’un conformisme déconcertant.
Analysant pour la énième fois le phénomène du démariage et de ses conséquences, Irène Théry, au lieu de l’interroger, de le passer au crible de l’analyse, le présente comme un progrès, l’avènement d’un monde neuf, paré de toutes les vertus, et ce non pas tant en raison des valeurs qu’il porte, mais parce qu’il est l’émanation, le signe et l’incarnation même … du changement ! Car le changement – ou, plus joliment, la métamorphose – est le maître-mot de ce rapport. Le changement en cours n’a pas à être interrogé, critiqué, évalué. Le changement est le signe et la marque du progrès. Dès lors la boucle est bouclée et plus rien ne peut ni ne doit s’opposer à l’évolution en cours. Bien au contraire : la seule démarche digne d’une militante du progrès – et d’une sociologue – c’est de considérer le changement comme positif et de se contenter de le déchiffrer, de le décrypter, de le mettre en ordre, afin de le rendre « lisible pour tous » et de le promouvoir.
« Les réticences au changement révèlent tout un ensemble de préjugés qui portent en réalité sur la filiation elle-même. On ne peut donc pas aller jusqu’à la racine des controverses sur l’accès aux origines ou sur les familles recomposées, si on ne se penche pas aussi sur le contexte qui leur donne sens : la grande métamorphose de la filiation, et plus généralement de la famille et de la parenté, dans les sociétés occidentales contemporaines. Cette grande métamorphose, la génération du baby boom –qui est aujourd’hui aux commandes– avait l’habitude, depuis les années 1970, de se vivre comme celle qui la portait et qui l’incarnait….Sur la filiation, les origines et la parentalité, la génération du baby boom, qui a porté le changement, acceptera-t-elle de se laisser interroger par la suivante ? Saura-t-elle l’écouter ? » ou encore : « La métamorphose de l’institution familiale se traduit d’abord par un premier grand moment de modernisation dans les années 1970, partout en Occident. Pour la France c’est une impressionnante successions de réformes du droit de la famille : réforme des régimes matrimoniaux (1965), création de l’adoption plénière (1966), passage de la puissance paternelle à l’autorité parentale (1970), égalité des filiations légitime et naturelle (1972), légalisation de l’avortement (1975), divorce par consentement mutuel (1975). »
On sent en ces passages comme en bien d’autres, à la fois une nostalgie mais aussi une sorte de paresse, de démission de la pensée. L’idée de progrès, qui a fondé la vision de la gauche, s’apparente de plus en plus – en matière de mœurs – à une sorte de laissez-faire généralisé. Comme si le libéralisme le plus pur s’était emparé des esprits à gauche, sans considérer que les grands perdants de ce laissez-faire sont toujours, en matière de mœurs comme en économie, les plus faibles.
Jean-Pierre Rosa, membre de l’équipe du blog
Insémination, mères porteuses, dons et doubles dons (de gamètes), dons (d’embryons) voire dons d’embryons eux même issues de dons ou pourquoi pas de doubles dons (de gamètes) : Cette cuisine procréative n’est en aucun cas un progrès technique.
Toutes ces procréations nécessitent des gestes sans aucune difficulté.
Ce qui est nouveau -et non un progrès- c’est le mensonge du corps médical et de nos « penseurs de gauche » qui réussissent peu à peu à faire croire aux futurs parents que l’enfant qu’on leur fabrique n’aura aucune difficulté à n’etre issu de « personne »…
P.Tiberghien medecin de la reproduction
Sur les « réticences au changement », il est bien rapide d’écrire qu’ « elles révèlent tout un ensemble de préjugés. »
En tous domaines, être réticent peut s’apparenter, en certains cas, à être résistant.
La résistance peut être un mécanisme de protection individuelle ou collective, précieuse pour la survie et nécessaire pendant un temps donné.
S’il y a « réticence », c’est qu’on n’est « pas prêt à ».
Toute ré
Je finis…
Toute réticence mérite respect. Avoir des réticences pour traverser quand le feu est rouge, et qu’on voit une moto passer, quand même, ce n’est pas un préjugé mais de la prudence qui traduit une capacité d’adaptation à une situation.
Les réticents peuvent parfois s’adapter au changement sans préjugés, car, s’ils avaient pour préjugé qu’on peut toujours traverser quand le feu est rouge, ils risqueraient parfois leur peau.
Je ne trouve pas cependant qu’il soit nécessaire d’allumer Madame Théry à ce point.
Chères Semaines sociales,
Ouvrez-vous à la société telle qu’elle évolue et non pas telle que vous voudriez qu’elle soit. Avant que la religion catholique n’impose son emprise sur la société, il y a avait de multiples modèles de familles. Aujourd’hui que l’église catholique ne dirige plus ni les moeurs ni les consciences (si l’on exclut Versailles et le 16e parisien), il vous faudra bien accepter que la société a évolué et qu’il sera nécessaire de légiférer pour se conformer à ces évolutions.
Allez, un peu de lecture pour tenter de vous ouvrir l’esprit:
http://www.doctissimo.fr/html/grossesse/dossiers/meres-porteuses/articles/12369-don-de-femme-itw-genevieve-delaisi-de-parseval.htm
http://www.tnova.fr/sites/default/files/bioethique-synthese.pdf
http://www.tnova.fr/essai/acc-s-la-parent-assistance-m-dicale-la-procr-ation-et-adoption
http://www.arte.tv/guide/fr/plus7/?em=051912-015
Ce n’est pas la loi qui a changé, mais le monde et la société. La loi ne fait – ou tente – que se conformer à son évolution.