Par Jean-Pierre Rosa
Une des toutes premières mesures annoncée par la gouvernement Macron suscite déjà la polémique et, pourtant, donne aussi de l’espoir : il s’agit de la question des rythmes scolaires. On se souvient que la mise en place de cette réforme – étendue indistinctement à l’ensemble du territoire – avait suscité des réserves, tant de la part des familles que des professeurs … et des municipalités, sommées de trouver un personnel périscolaire, et de le payer…
Au moins en partie, car le gouvernement Hollande avait du mettre la main à la poche pour faire passer sa réforme. Les résultats semblent mitigés. Les activités périscolaires mises en place sont approuvées par les uns – des activités qui favorisent l’égalité des chances – et décriées par les autres, au motif d’un recrutement qui n’est pas toujours à la hauteur et d’un épuisement des élèves.
La réforme que souhaite Emmanuel Macron vise à remettre la décision de cette question des rythmes au niveau communal. Avec, à la clé, une suppression des moyens exceptionnels mis en place par le dernier gouvernement.
L’idée directrice de cette remise en cause de la réforme des rythmes scolaires est juste : il faut laisser au niveau local la possibilité de décider de ce qui est le mieux pour lui. C’est l’application pure et simple du principe de subsidiarité. Une bonne nouvelle donc.
Avec quelques bémols cependant. Le premier a trait à l’égalité de traitement. L’équité demanderait en effet que les ressources soient disponibles pour ceux qui voudraient continuer dans le sens initial. A tout le moins qu’elles ne soient pas discriminantes au point de devenir le critère réel du choix. Sinon le risque est grand que le fossé se creuse entre communes riches et communes plus pauvres. Une école à deux vitesses serait une atteinte de plus à la cohésion d’un pays qui est déjà divisé entre riches et pauvres, urbains nantis et péri-urbains ou paysans délaissés. Le second a trait au caractère collaboratif de la décision. Si l’on veut en effet aller jusqu’au bout d’une logique participative, il serait bon que toutes les parties prenantes soient associées à la décision même si, formellement, la décision relèvera du maire.
Et tant pis pour les ayatollahs de l’éducation unique et uniforme sur l’ensemble du territoire. Si cette réforme-là est bien menée, ce sera une bonne nouvelle au pays du nivellement jacobin. Elle pourrait être emblématique de la bonne manière d’avancer sur d’autres dossiers.
Jean-Pierre Rosa, membre des Semaines sociales de France
Photo : DR
La subsidiarité à l’école … et aussi partout ailleurs..