La leçon de musique des enfants du bidonville de Cateura

Par Jean-Pierre Rosa

Inoubliable soirée à l’Unesco, ce 30 novembre dernier, où se produisait l’Orchestre des instruments recyclés de Cateura.

Tout commence en 2006, lorsqu’un professeur, Fabio Chavez, est envoyé comme enseignant à Cateura, dans le bidonville de la banlieue d’Asuncion, capitale du Paraguay. Energique, déterminé, excellent pédagogue mais aussi mélomane, Fabio imagine, avec les enfants qui vivent dans une grande pauvreté près de la décharge, de créer un orchestre.

Les instruments sont inaccessibles ? On les fabriquera avec les produits de la décharge : boites de conserve, palettes, fourchettes, capsules de bouteilles, gouttières, morceaux de bois ou de fer, tout est bon pour fabriquer violons, violoncelles, contrebasses, saxos, flûtes, guitares.

Les enfants aiment la musique et viennent nombreux. Vous pensez qu’ils doivent avant tout satisfaire leurs « besoins primaires » ? Eh bien non. La musique est d’une toute aussi grande nécessité que le reste. Plus même peut-être. Les enfants suivent les cours de Fabio (aujourd’hui ils sont 500 à l’école de musique) et certains d’entre eux, une cinquantaine, participent à l’orchestre. Attention, ce n’est pas un orchestre de vente de charité ! Non. Ce sont de vrais professionnels qui se produisent dans le monde entier. Rien que cette année, ils ont fait plus de 10 voyages internationaux. Ils sont allés notamment en Suède, aux USA, au Royaume-Uni… Et ils étaient hier soir à l’Unesco.

Chose tout à fait exceptionnelle : le ministre des Affaires Étrangères du Paraguay est là, dans la salle, et vient, à l’invitation du chef d’orchestre, dire quelques mots : il salue, de la part du président de la République, le travail remarquable d’inclusion sociale que réalise cet orchestre et son directeur.

Fabio Chavez est à son aise au milieu des enfants, de la musique et sur la scène. Chaque morceau est introduit par un petit mot, par la mise en valeur de l’un ou de l’autre, un violoncelliste, une violoniste, un guitariste…et de leurs étranges instruments. « Si l’on peut tirer de tels sons des déchets, pensez ce que nous pouvons faire avec ces enfants marginalisés ! »

Pas de leçon ni de mélo mais beaucoup d’émotion.

Un grand moment vraiment.

Pour écouter un peu, suivez le lien.

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