Par Annabel Desgrées du Loû
La France est une des championnes du monde en matière de contraception dite « médicalisée » : trois-quarts des femmes qui ne souhaitent pas être enceintes utilisent une pilule (ou autre méthode hormonale) ou un stérilet. Et ce quelle que soit leur pratique religieuse. Ainsi le rejet par l’Eglise catholique de ces méthodes de contraception dites « modernes », sa préférence pour les méthodes dites « naturelles », a été très peu respecté chez les catholiques, et ce de moins en moins au fil des générations qui ont suivi Humane Vitae: en 1988, vingt ans après cette encyclique, parmi les femmes qui déclaraient que la religion était très importantes pour elles, 9 sur 10 avaient déjà consulté un médecin pour avoir une contraception et 2 sur 3 utilisaient une contraception. Seulement une sur 10 pratiquait « l’abstinence périodique ». Encore 20 ans plus tard, en 2010, 3 sur 4 utilisaient une contraception médicalisée et seulement une sur 20 l’abstinence périodique.
Et puis surprise, depuis 2010, on observe une encore timide mais solide remontée des méthodes naturelles (utilisées par 6% des femmes en 2010, puis 9,5% des femmes en 2013). Que s’est-il passé ? La controverse médiatique de 2012-2013 autour des pilules de troisième et quatrième génération, à la suite de la plainte d’une jeune femme ayant eu un accident vasculaire cérébral alors qu’elle utilisait ce type de pilule, a joué. Mais la pilule en général était déjà en recul depuis les années 2000, et derrière ce recul on voit poindre une réticence écologique à la médicalisation du quotidien. La contraception naturelle, quand elle est adoptée, apparait ainsi souvent comme un choix « écolo » (1) plus que comme un choix « catho ».
Une nouvelle ère contraceptive pourrait donc s’ouvrir, à laquelle cependant les professionnels de santé ne sont pas préparés en France. Gynécologues, conseiller(e)s du planning familial connaissent mal les différentes méthodes naturelles et ne sont pas formés à répondre à la demande en la matière. Or ces méthodes s’apprennent : il y en a plusieurs, plus ou moins efficaces (2), plus ou moins adaptées aux besoins de chaque couple. Sur le chemin vers la COP22, il va falloir aussi avancer là-dessus !
Annabel Desgrées du Loû, membre du Conseil des Semaines Sociales
un peu curieux votre présentation
la moitié du mois à risque !
quelle contraception !
bien si associée au préservatif
Oui vous avez raison, l’image que nous avons choisie n’est pas forcément adéquate car très schématique et réductrice, Loin de moi l’idée de réduire les méthodes dites naturelles de contrôle de la fécondité à ce schéma. L’idée de cette image était juste de représenter un cycle menstruel…
Sur le deuxième point, effectivement, qui dit méthode naturelle dit préservatif (ou abstinence) sur la période féconde, bien évidemment.
Tiens, c’est marrant, moi je suis tombée enceinte le 20e jour de mon cycle… (mes cycles étant longs) donc attention à ce genre d’info qui peut être super dangereuse pour les personnes qui ne connaissent pas le fonctionnement d’un cycle !
Vous devriez vraiment changer l’image trompeuse en haut de l’article et aussi éviter de parler en fin d’article « des conseillers du planning familial ».
La confusion est trop courante entre le Mouvement du Planning familial, qui est une association militante, et les centres de planification familiale (CPEF) où travaillent des conseillers conjugaux et familiaux.
Ces professionnels reçoivent une formation reconnue par l’Etat, notamment sur les divers moyens de contraception, dont les méthodes dites naturelles.
Enoncer que ces professionnels « ne sont pas formés pour répondre à la demande en la matière », c’est faire croire à tort qu’ils sont responsables d’une certaine ignorance en France sur le corps humain et sur son fonctionnement.
Il faut dire et redire que ces professionnels interviennent sur les thèmes de la vie affective, relationnelle et sexuelle dans les établissements scolaires. A condition que ceux-ci souhaitent vraiment appliquer les directives de l’Education nationale.
Vous n’êtes pas sans savoir que la tendance actuelle n’est pas franchement au maintien ou au soutien de cette mission d’information et de formation à la connaissance de soi et de l’autre, qui concerne hommes et femmes.
Les conseillers conjugaux et familiaux ne se rangent pas dans la catégorie des professionnels de santé. L’Etat a même un mal fou à les ranger quelque part car leur activité relève autant de la santé que du psychosocial.