Par Jean-Pierre Rosa
Les résultats du premier tour des présidentielles sont tombés. Au-delà du soulagement éprouvé par beaucoup de voir Marine le Pen distancée – légèrement – par Emmanuel Macron, un constat alarmant saute aux yeux.
Les zones où les candidats anti-européens protectionnistes ont fait leurs meilleurs scores sont les zones désindustrialisées et oubliées de la République. Le Nord et l’Est, le Sud avec la région PACA ont subi de plein fouet les effets pervers de la mondialisation et de la dérégulation. Les habitants du littoral atlantique mais surtout les franciliens et les habitants des grandes villes sont épargnés par la vague frontiste.
Avouons aussi qu’ils sont privilégiés. En matière d’emploi bien sûr puisqu’ils se situent dans des zones économiquement dynamiques. Mais il ne faudrait pas oublier les équipements de proximité (écoles, hôpitaux, structures économiques et sociales élémentaires) et d’accès à ces équipements. Les zones délaissées par l’économie et les -surtout- les campagnes oubliées par la République vivent un sentiment de relégation d’une violence inouïe.
Il est temps de travailler sur cette question et notamment sur la remise en ordre de marche de toutes ces structures de proximité, sinon nous risquons d’entériner une France à deux vitesses, celle des mondialisés contre les patriotes comme l’affirme Marine Le Pen, celle des forces d’innovations et de progrès contre celle des nostalgiques, comme le dit Emmanuel Macron. Ces deux formules, même si elles pointent bien le fond de la question, sont biaisées, électoralistes, incomplètes. Les réformes multiples des politiques publiques, le manque récurrent de crédits, les hésitations sur le bon niveau d’intervention local et le souci jacobin de tout régler d’en haut ont précipité le mouvement.
Il est temps de redonner l’initiative à cette « France d’en-bas » (détestable formule!) afin qu’elle se dote elle-même des structures et des équipements dont elle a besoin – dans la limite de budgets à déterminer bien sûr. Ne serait-il pas possible de recentrer la puissance publique centrale sur ses missions régaliennes en laissant aux structures de proximité le soin de se prendre en mains? Il y a un outil, moderne, pour imaginer cette démocratie de proximité qui fait cruellement défaut : Internet. Voilà un projet à la fois moderne et social, démocratique et participatif, qui pourrait avoir un effet d’apaisement et de prospérité insoupçonné.
Jean Pierre Rosa, membre des Semaines Sociales de France
Image: répartition des votes au 1er tour selon le département (Jaune: vote Macron majoritaire, Bleu marine: vote Le Pen majoritaire)