Grexit, l’impossible opinion, le choix nécessaire

Par Louise Clémentier

Voilà plusieurs jours que nos fils d’information se gorgent d’articles alarmants mais très contrastés sur les discussions entre la Grèce et ses créanciers de la « troïka » (FMI, Banque centrale européenne, Commission européenne), dont l’échec pourrait conduire le pays à un défaut de paiement de ses dettes à la fin du mois, et à une possible sortie de la zone euro.

D’un côté, le bon sens économique plaide pour une responsabilisation d’un pays qui a bénéficié de la solidarité européenne, via les fonds structurels consacrés au développement de l’Europe du Sud, sans déployer tous les efforts d’assainissement de son économie et de son organisation : économie informelle, évasion fiscale, défaut de compétitivité etc. Somme toute, dans la mondialisation, il faut payer ses dettes, et être, comme le réclamait Christine Lagarde, la patronne du FMI, lors des récentes négociations, « des adultes ».

De l’autre, la gauche alternative réplique en soulignant, pêle-mêle, les souffrances du peuple grec qui doit faire face à un taux de chômage impressionnant, le rôle joué dans les difficultés de la Grèce par 10 ans de politique économique non-coopérative de l’Allemagne, ou encore l’idée que la dette publique n’est pas toujours faite pour être remboursée.

Mais qui sait ce qu’il faut en penser ? Pas l’auteur de ses lignes, pourtant plutôt au courant du fonctionnement de l’UE et qui fut assidue à ses cours de politique économique il n’y a pas si longtemps.

Peut-être est-ce parce que la distribution de bons et de mauvais points n’est pas totalement d’actualité. Si les négociations avec la Grèce échouent, celle-ci en paiera peut-être (ou probablement) le prix. Mais il est certain, en revanche, que d’autres en paieront le prix : les Européens – pas seulement la Commission, mais aussi nos propres dirigeants -, sur qui pèsera la suspicion de n’avoir pas tout fait pour maintenir la cohésion du projet européen. Fallait-il préférer une doxa économique à la construction politique d’un espace de solidarité et de paix ? Si la Grèce sort de l’euro, il y a fort à parier que les peuples européens rappelleront à leurs dirigeants les conséquences pour eux-mêmes de la réponse qu’ils auront donné à cette question.

Louise Clémentier, membre de l’équipe du blog

2 Commentaires

  1. Jean-Pierre

    La bonne nouvelle dans la partie qui se joue en Europe, c’est l’inversion de tendance, de l’opinion – au moins française – sur la sortie de la Grèce de la zone Euro.
    Alors qu’en 2011, les Français avaient tendance à dire, à 73%, « Les Grecs dehors », ils n’étaient plus que 65% en 2012 et 46% en 2015.
    Ce qui donne, à l’inverse, une majorité de personnes favorables au maintien de la Grèce dans la zone : 53% aujourd’hui contre 35 % en 2012 et 27% en 2011.
    On revient de loin !
    Et comme c’est un tendance lourde sur plusieurs années, plutôt massive aussi, on est en droit de penser qu’au moins sur ce front là on est sorti d’affaire. Reste à savoir ce qu’en pensent les Grecs….
    Source : http://www.challenges.fr/europe/20150621.CHA7167/les-francais-opposes-a-une-sortie-de-la-grece-de-la-zone-euro.html

  2. Louise C

    Je dois dire que le sentiment très fort de ce billet est un peu tempéré, ce matin, par le jusqu’au-boutisme d’Alexis Tsipras (voir : http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/28/tsipras-appelle-a-voter-non-lors-du-referendum-sur-le-plan-d-aide-a-la-grece_4663341_3234.html et Proposer un référendum, c’est son droit comme homme politique et sans doute conforme à ses engagements de campagne ; mais appeler à voter non à son propre référendum simplement pour renforcer sa position de négociation accrédite toutes les critiques en irresponsabilité. Les déclarations d’amour de M. Tspiras au projet européen, déconnectées de toute réflexion sur les concessions mutuelles que cela implique, paraissent bien creuses…

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