Faire face à la crise du politique

Par Hugues d’Hautefeuille

« Le pire est probable, le meilleur est possible ». Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris, citait Edgar Morin lors du mardi d’éthique publique au Centre Sèvres, le 4 novembre 2016. Le thème du débat était  » Face à la crise du politique, quelle place pour les chrétiens ? » Elle dialoguait avec Charles de Courson, député UDI de la Marne et Philippe Portier, directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Études. Remarquables interventions dont on aimerait que les politiques, candidats à des primaires ou non, s’inspirent.
Le pluralisme chez les chrétiens est devenu la règle. L’institution Eglise s’est adaptée au principe du débat et de la faillibilité, rappelait Philippe Portier en évoquant le tout récent document du Conseil permanent de l’épiscopat « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique » et un plus ancien « Pour une pratique chrétienne de la politique » (1972).

Avec les individus mis en concurrence dans le système, la construction du « nous » devient difficile, soulignait Marie-Noëlle Lienemann. Charles de Courson considérait pour sa part que le bien commun s’est effondré au profit d’une attitude non pas libérale, comme regretté par sa collègue parlementaire, mais libertarienne. Comment trouver alors des compromis politiques, comme le font relativement bien, selon eux, les députés européens ou ceux du Bundestag?

Ces deux parlementaires chrétiens ont exprimé deux points d’accord fondamentaux :
D’abord choisir l’espérance face à un monde qui désespère, en particulier en France où le pessimisme est de mise. Même le document de l’épiscopat analyse la crise sans être suffisamment force de proposition, selon Charles de Courson.
Ensuite cultiver inlassablement le sens du débat pour le bien commun.

Si, de l’avis de l’un et l’autre, la vie publique est dure, le politique structure pourtant nos existences selon Raymond Aron, que citait Marie-Noëlle Lienemann. Prenant l’exemple de paroisses protestantes en Allemagne s’organisant pour l’accueil de migrants, elle s’interrogeait sur la prise en compte concrète de ces réalités de pauvreté par les chrétiens en France.
Alors, comment avoir une éthique dans le monde politique ? Charles de Courson a plaidé pour l’honnêteté, la modestie, des discours en cohérence avec sa vie, le respect des adversaires ou concurrents, lesquels peuvent alimenter positivement notre réflexion et action.

Loin des médias, des sondages ou coups bas de part et d’autre, nous avons entendu des intervenants rappeler que « la politique est la forme la plus élevée de la charité » ou encore, citant Habermas, que « la religion apporte la conscience de ce qui manque ». Voilà des paroles qui sont des clés. Soyons ainsi religieux et politique !

Hugues d’Hautefeuille, délégué générale des SSF

1 Commentaire

  1. CLAVIER

    « Au jour du Jugement, voyant notre suffisance et pesant notre insuffisance, on nous demandera moins « avez-vous été croyant ? » que « avez-vous été crédible ? » (Abbé PIERRE)

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