Par Denis Vinckier
La crise agricole m’a amené à faire ce matin un geste inhabituel : j’ai regardé de près ma brique de lait pour voir ce qui était écrit dessus. Et là, surprise, en gros, j’ai pu lire : lait tiré en France mais conditionné en Allemagne. J’ai donc imaginé que les vaches étaient françaises (de Bretagne ou de Normandie), qu’un agriculteur de chez nous avait tiré le lait et mis en barils, puis le lait avait pris la destination de l’Allemagne où il avait été conditionné. Il a donc traversé la France dans un sens pour dans l’autre pour revenir sur ma table. Et là, je me suis souvenu que j’allais, petit, je parle des années 70, à la ferme avec mon grand-père, chercher le lait…
Je me suis aussi souvenu que la CFTC avait lancé, il y a quelques années, l’idée de l’élaboration d’une «traçabilité sociale» des produits et des services, représentée physiquement par un label ou un étiquetage, qui tienne compte des conditions sociales de production dans les entreprises concernées. Je me suis dit que cette idée avait fini par avancer. Un peu. Du coup, je suis allé regarder sur le site de la CFTC ce qui était sous-jacent à cette idée. L’ambition était bien d’aller plus loin que l’enjeu concernant le commerce équitable, en créant une discrimination positive en faveur des entreprises considérées comme socialement responsables. En garantissant aux consommateurs que, tout au long du processus de fabrication et de distribution d’un produit donné, les personnes qui y ont contribué ont été respectées (non travail des enfants, salaires décents, liberté syndicale, etc.). Bon là, je me suis dit que ma brique de lait ne m’avait pas appris grand-chose. Les choses avancent donc mais pas encore assez vite.
Et puis si je dois regarder toutes les étiquettes sur les produits de consommation, je n’ai pas fini. Le CREDOC avait mis en évidence, il y a quelques années, que près d’un Français sur deux (44 %) tiendrait compte, lors de ses achats, des engagements pris par les entreprises en matière sociale. Où en sommes-nous ? Est-ce que ce chiffre a progressé ? En même temps, il faut continuer à encourager une réelle « traçabilité sociale » des produits et des services. En effet, en théorie nous dit la CFTC, Il suffirait que 15 % des consommateurs se mettent à choisir leurs achats en fonction de leur « traçabilité sociale », pour que l’ensemble des entreprises se mobilise sur leur responsabilité sociale, et qu’un véritable marché se crée, attirant par voie de conséquence les industriels. En ces temps de crise, redire cette réalité est utile.
Ce matin, devant ma brique de lait, j’avais envie d’en savoir plus sur le « contenu social » de ce produit de consommation courante…imposée. En effet, le jour où je l’ai achetée, il n’y avait plus d’autre lait dans le rayon. Et pas la marque habituelle. Mais je crois que sur celle-ci, il y avait plus d’information que sur l’autre. Un premier pas mais pas suffisant. J’ai pris conscience tardivement que c’est à ce prix aussi que nous pourrons soutenir nos filières et responsabiliser nos achats !
Denis Vinckier, Membre du Conseil des Semaines Sociales
Les choses vont effectivement parfois dans le bon sens.
Sur une bouteille de lait Bio (marque Lactel), il est clairement indiqué:
– Origine France
– lait 100% collecté et mis en bouteille en France
– lait conditionné dans un des départements : 60, 35, 59.
la bouteille est 100% recyclable.
What else ?