Par Dominique Quinio
L’extrême-droite, ses idées, son succès électoral croissant en France ou dans d’autres pays européens sont de longue date un sujet d’analyse pour les Semaines sociales de France et sa Tribune. A l’approche des élections présidentielles puis législatives de 2017, force est de constater qu’il faudra compter avec Marine Le Pen et son parti. Nombre d’électeurs, y compris des électeurs catholiques qui jusqu’ici résistaient plus que la moyenne aux sirènes du FN, feront ce choix.
Pour expliquer cette évolution, pour en comprendre les racines et les conséquences, la revue « Projet » du Ceras (Centre de recherche et d’action sociales, animé par une équipe de jésuites) propose un dossier intitulé « Extrême droite, écouter, comprendre, agir ». S’y sont associés dix associations ou mouvements chrétiens1, dont les Semaines sociales de France.
Il s’agissait d’aller à la rencontre de certains de ces électeurs, de comprendre comment leur sentiment d’être délaissés, de ne pas compter pour les « élites » gouvernantes ou médiatiques, les amenaient à se tourner vers Marine Le Pen ; qu’ils soient véritablement séduits par ses idées ou déçus par les partis traditionnels, prêts à en « essayer » un autre. Le chômage, la désertification des campagnes, mais aussi le sentiment de déclassement social ouvrent la porte à un parti qui a pris un virage social. Tournant sincère ou opportuniste ? Des articles tentent de répondre à la question, en s’interrogeant sur ce qui reste du Front National chez la fille de son fondateur. Est bien sûr posée la question cruciale du rapport à l’étranger : quelle réalité surgira de la « préférence nationale » théorisée par l’extrême-droite ?
De ces constats, certes critiques, ressort également la responsabilité des gouvernements successifs qui n’ont pas su répondre aux attentes des Français, donnant l’image de responsables, au mieux impuissants au pire seulement préoccupés d’eux-mêmes. Un appel à faire de la politique autrement.
Les Semaines sociales ont jugé important de s’associer à ce travail de réflexion à quelques mois de scrutins cruciaux. Comme un outil de discernement avant de plonger un bulletin dans l’urne. La réaction du parti de Marine le Pen ne s’est pas fait attendre, récusant l’exercice et en minimisant l’importance. Cible des premières attaques, le journal la Croix qui, aux frais de Projet (grâce à un financement participatif), distribuera le numéro avec l’une de ses éditions. « Le journal catholique le plus antipatriotique de France », a déclaré Florian Philippot, faisant finement allusion au tristement célèbre slogan du journal durant l’affaire Dreyfus ; et, selon une rhétorique classique au FN, il juge le numéro de Projet « pas très respectueux des électeurs ».
C’est prendre au sérieux un responsable politique et ses électeurs que de décortiquer leur programme et leurs intentions. Il n’est pas irrespectueux de dire à un concitoyen que l’on n’est pas d’accord avec ses idées. Le parti de Marine Le Pen s’en prive-t-il d’ailleurs, serait-il lui-même peu respectueux des autres? Et c’est précisément parce qu’on aime la France, qu’on peut ne pas la vouloir habillée de bleu Marine.
Dominique Quinio,
présidente des Semaines sociales de France
1 – Secours catholique, CCFD-Terre solidaire, Scouts et Guides de France, ACI, Chrétiens en forum, DCC, MRJC, Pax christi-France, Justice et Paix et Semaines sociales.
Excellente initiative d’une analyse posée et précise à lire et conserver. Merci.
L’une des difficultés est dans le ton supérieur et pédagogique que vous prenez presque automatiquement quand vous traitez des électeurs du FN. Ou ce sont des débiles à instruire ou des malfaisants à éliminer. Du haut de votre sublime morale, vous n’avez plus rien de politique.
À la question simple, Que faire de l’immigration arabo-africaine musulmane qui commence à nous submerger, vous n’avez rien a repondre. Vous faites penser aux hiérarques catholiques, qui, depuis des décennies, refusent de constater la décomposition catholique.
Tout cela vous rend très antipathique. Et le dialogue que vous dites rechercher, votre état d’esprit le rend impossible. Vous vous jugez trop supérieur à vos éventuels interlocuteurs.
« C’est prendre au sérieux un responsable politique et ses électeurs que de décortiquer leur programme et leurs intentions. Il n’est pas irrespectueux de dire à un concitoyen que l’on n’est pas d’accord avec ses idées. » Je ne vois pas en quoi ce programme est énoncé de façon « supérieure et pédagogique ».
Quant à « l’immigration arabo-africaine musulmane », je vous renvoie à cette chronique, parue en mars 2015 : http://latribunedessemaines.fr/populisme-le-danger-2/