Face à la tentation du vote FN : et si la fraternité était la solution ?

Par Catherine Belzung,

Bien que le Front national n’ait remporté aucune Région, le nombre jamais atteint de votants en faveur de ce parti (plus de 6,8 millions) a constitué un véritable choc dans le pays. Même si ce score élevé peut en partie être lié au contexte des attentats, d’autres facteurs y contribuent fortement comme le taux élevé de chômage, le sentiment de déclassement, la faillite de l’ascenseur social, l’absence de confiance dans les partis classiques. Que faire pour redonner une espérance à tant de personnes déçues par la politique ?

Peut être qu’une forme d’alliance entre personnalités politiques de divers horizons, pourrait être une réponse ? Il est vrai que les modes de scrutin de la 5ème république ne sont guère favorables aux coalitions que l’on connaît à l’étranger. Il est vrai aussi que la culture politique française pousse plutôt à la confrontation, à la joute verbale qu’à la convergence des points de vues. Pourtant, ces derniers jours, des déclarations de personnalités de droite comme de gauche semblent indiquer un infléchissement de ce genre de posture pour aller dans le sens d’une convergence dépassant les clivages habituels : en effet, le 16 décembre, l’ancien premier ministre de droite Jean-Pierre Raffarin a proposé un « pacte républicain contre le chômage ». A quoi l’actuel premier ministre de gauche, Manuel Valls a répondu « Que chacun réfléchisse à la manière dont la droite et la gauche peuvent travailler ensemble sur certains grands sujets, comme l’emploi, c’est un dialogue normal » Et aujourd’hui, alors qu’est inauguré le Monument des fraternisations de Neuville-Saint-Vaast (Pas-de-Calais), le président de la République (de gauche), après s’être entretenu avec deux personnalités de droite (Xavier Bertrand, futur président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et Gérard Larcher, président du Sénat) indique que : « Tout ce qui va dans le sens de l’union va dans le bon sens ».

Y aurait-il un frémissement dans le sens d’une forme d’alliance entre partis ? Pour l’instant il s’agit de convergence entre personnalités politiques de bords différents, plutôt qu’entre partis. Néanmoins, même si cela reste une tendance isolée, il faut la mettre en valeur et l’encourager, car c’est sans doute une solution pour sortir de la situation actuelle, car elle a le mérite de redonner confiance en la politique et de contribuer à résoudre directement les problèmes économiques actuels. Mais à condition d’agir non pas contre une menace (en l’occurrence le FN) mais pour un projet centré autour de valeurs positives, comme la promotion de l’équité, de la fraternité, de l’intérêt général. Peut-être que l’électrochoc de ces derniers jours sera salutaire ?

Catherine Belzung, membre du CA des Semaines sociales de France

 

 

8 Commentaires

  1. ROUSSEL

    Ne soyons pas une fois de plus « naïfs » ! Il est archi évident que l’intérêt de la gauchet et de M.Hollande qui ne pense qu’à 2017, est avec une forme d’union, de faire partager son bilan désastreux, par la droite profondément divisée et en perte de vitesse en vue de sa réélection. Cela peut même aller jusqu’à faire éclater la droite entre les Juppé-Raffarin et C° qui ne demandent qu’à rejoindre M.Valls et sa politique, et les autres qui pourraient quasi finir par alors lorgner vers le FN, comme le demande d’ailleurs une bonne part de leur électorat.
    Tout cela n’est que jeu politicien , comme l’est la Haine officielle , exigée envers le FN, les hypocrites références aux soi-disant valeurs de la république, et autres slogans de manipulation médiatique/
    BREF….. rien à voir avec la FRATERNITE, surtout pour ceux qui ne peuvent envisager la fraternité sans paternité commune, c’est à dire les CHRETIENS minoritaires dans cette conception, et d’ailleurs bien oubliée par ceux qui se disent « de gauche » ! Et sans cette sourceet fondement d’une paternité commune…. on sait ce que devient vite la fraternité laïciste , mensonge et violence….
    La Fraternité , c’est tout de même autre chose que le triste couple SFIO-MRP qui fit les joies et désastres de la IV° république , l’UMPS comme dit Marine !

    Alors oui à une vraie farternité… » Caritas in VERITATE » ce qui est bien autre chose que la politique à la « Jacques DELORS » mentor de nos évêques, et d’un soi disant social-chrétien.

  2. JPR

    Oui à une vraie fraternité, dites-vous ? Oui mais laquelle ? Si vous rejetez, ce que l’on peut comprendre, la « main tendue » de Bertrand ou de Raffarin, que proposez-vous ? Rien dans votre réponse à ce billet n’en donne la moindre idée.
    Reprenons donc les choses autrement : l’invocation à la lucidité, à la non-naïveté, au « nous ne sommes-pas au pays des bisounours » ne cache-t-elle pas parfois une forme de défiance vis à vis de toute parole publique venue des partis de gouvernement, quels qu’ils soient ? A malin malin et demi. On ne nous y reprendra plus. Tels sont les tristes complaintes de ceux qui désespèrent de la politique et prétendent nous enfermer dans leur cynisme affiché qui, disent-ils, n’est que la réponse lucide au cynisme de nos gouvernants. Avec ce genre de raisonnement, nous n’irons pas très loin. Ne faut-il pas plutôt « juger l’arbre à ses fruits » et attendre les propos constructifs qui semblent se faire jour ?
    En outre vous refusez la fraternité à ceux qui ne veulent pas d’une paternité divine, autrement dit les chrétiens. Je comprends cette requête mais elle se heurte à la réalité historique. Si elle n’est pas fausse aux origines du christianisme (l’Église des premiers temps a « inventé » le terme grec de fraternité), les chrétiens n’ont pas honoré cette promesse et ce sont les révolutionnaires de 1789, 1830 et 1848 qui s’en sont emparés. La fraternité est aujourd’hui, que vous le vouliez ou non, une valeur républicaine que vous ne pouvez privatiser au bénéfice des seuls chrétiens.

    • roussel

      Vos conceptions historiques sont fausses. Les chrétiens n’ont pas déserté la fraternité entre l’église primitive et….la révolution française. Et à l

  3. roussel

    Vos conceptions historiques sont fausses. Les chrétiens n’ont pas déserté la fraternité entre l’église primitive et….la révolution française. Et à la révolution, on sait comment ont fini les fêtes de la fraternité « laïque ». De même la fraternité socialiste de la société sans classes…ce sont les goulags et 100 millions de morts du communisme….
    Alors, la fraternité sans père, est sympathique sans plus, et ne résiste guère au jeu des intérêts, dans son absence de fondement. C’est tout le problème des « valeurs » de la république, qui sont manipulées et invoquées au seul service des dominants actuels dans une société dominée par le mensonge, l’idéologie.
    Alors, avant de tomber dans le piège de ces mensonges, un vrai travail théorique s’impose, bien au delà des bons sentiments dont l’enfer est pavé !
    D’où ma référence à « Caritas in veritate » et autres grands textes , ce qui nous mettra à un autre niveau que les calculs de Hollande pour cocufier Sarkozy, et se retrouver face à Mme Le Pen au 2° tour de 2017, et être réélu avec votre concours, au nom de sa « Fraternité »…..

  4. Catherine

    Je pense que la vraie fraternité se reconnait dans l’ouverture à l’autre, dans l’aptitude à inclure chacun dans une dynamique vers le bien commun, plutôt que dans une rhétorique de l’exclusion, dans laquelle ceux qui ont d’autres références sont d’emblée mis au pilori. Avant les discours sur la fraternité il me semble qu’il faut déjà commencer par traiter celui qui vient d’autres horizons socioculturels, religieux et politiques avec.. fraternité!

    • roussel

      Bien sûr, mais avant d’accuser et de diaboliser en faisant le jeu des intérêts politiciens, invitez et ouvrez le dialogue avec le Front National, ses électeurs, ou la droite, ou les défenseurs du mariage , de la famille, les adversaires de l’IVG etc….ne les rejetez pas au nom de votre  » fraternité », interrogez vous en profondeur sur vos « valeurs », la nécéssité de distinguer le possible et raisonnable « en ce monde » qui ne peut pas être le royaume de Dieu. En un mot, soyez chrétiens avant d’être « de gauche », ne vous prétendez pas « chrétiens de gauche », ne vous appropriez ni le « social », ni le « progrès, ni vertus chrétiennes laïcisées, dont la « fraternité » alors bien fragile ! Bref, cherchez la charité dans la vérité, abonadonnez cette posture de pharisiens, donneur permanent de leçons politico-morales !

  5. JPR

    Je trouve dommage de vous voir lire si mal nos billets. Dommage aussi de lire de votre part des propos impératifs, impérieux, et à la limite de l’invective là où l’on attendrait un dialogue … fraternel.
    Non, nous n’avons ni accusé ni diabolisé personne. Relisez. Nous n’avons nulle part laissé entendre le moindre parti pris de gauche. En lisant honnêtement nos échanges, vous seriez bien incapable de dire pour qui nous avons voté aux régionales. La seule chose que vous avez compris c’est que nous n’avons pas voté pour le Front national.
    Si. Je maintiens : les chrétiens ont déserté la fraternité. Pas la charité, pas le mouvement qui porte vers l’autre, bien sûr que non. Mais la fraternité qui pousse à l’égalité, si. Et pourtant ce sont eux qui l’avaient inventée ! Et que les révolutionnaires s’en soient emparé, c’est peut-être un mal, mais c’est un fait. Aujourd’hui c’est une vertu à redécouvrir et à redécouvrir comme elle nous est transmise : à la fois chrétienne en son origine et à la fois laïque dans son expression récente, avec, bien évidemment toutes les dérives que l’on connait et que vous rappelez fort justement.
    Quant à la « fraternisation » de Xavier Bertrand et de Valls-Hollande, permettez-nous d’assumer cette naïveté qui nous porte à leur donner crédit. Et, encore une fois à refuser la posture cynique/sceptique de ceux qui, revenus de tout, veulent voir en chaque geste politique un sombre calcul politicien.

  6. Pierrot

    Eh bien, y a encore du chemin…
    Ouvrir un dialogue fraternel semble bien difficile !
    Merci Catherine et JPR pour votre ténacité et belle année 2016.

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