De Mary Poppins à Emma Watson : des magiciennes pour libérer les hommes

Par Annabel Desgrées du Lou

Emma Watson, l’actrice qui joue Hermione Granger, la ravissante première de classe du collège d’apprentis sorciers Poudlard dans Harry Potter, est aujourd’hui ambassadrice de bonne volonté d’ONU-femmes (en anglais goodwill ambassador ; ca sonne mieux). A ce titre elle a fait récemment un discours remarqué à l’ONU, qui s’adressait aux hommes et s’intitulait « Gender equality is your issue too » qui pourrait se traduire par : «[Hommes de tous les pays], l’égalité des sexes est votre solution ».

Le principe tout simple à la base de l’initiative « He for She » inaugurée par ce discours, c’est que l’égalité des chances entre hommes et femmes, c’est avant tout la liberté d’être soi-même et de réaliser la vie que l’on souhaite, qu’on soit né(e) fille ou garçon. Et cette liberté ne s’acquerra pas en dressant les unes (les femmes) contre les autres (les hommes), mais au contraire si les uns (les hommes) s’engagent aux côtés des autres (les femmes). « He for She » c’est un appel aux hommes à s’engager pour une société plus juste, pas seulement par amour de l’égalité et de la justice, mais aussi parce qu’ils y vivront mieux.

Me revient alors en mémoire le père de famille, dans l’histoire de Mary Poppins. Il est loin d’être le personnage principal mais c’est peut-être le plus émouvant. C’est un honorable banquier, il part travailler tôt le matin, revient tard le soir, fait trembler la maison en claquant les portes, et il est trop occupé par des choses sérieuses pour s’occuper de ses enfants, sauf quand il s’agit de recruter une gouvernante. Un homme de règles et d’autorité. Corseté par «l’ injonction sociale » comme disent les sociologues. En face, la mère, qui suit timidement les sufragettes, mais en cachette de son mari. Féministe dans la rue, effacée à la maison. Au milieu, les enfants, livrés à eux même, incontrôlables. La dessus arrive Mary Poppins au bout d’un parapluie (on est en Angleterre), et son plus grand tour de magie n’est pas que la chambre des enfants se range toute seule, mais de décorseter ce père, qui, en acceptant de mettre le pied dans le quotidien des enfants, retrouve la joie de vivre, et ramène l’harmonie dans son foyer. Mary Poppins peut alors s’envoler vers d’autres familles et d’autres pays, où les hommes attendent d’être délivrés de leurs divers carcans… Supercalifragilisticexpialidocious !

 

Annabel Desgrées du Loû, membre du conseil des Semaines Sociales, équipe du blog.

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