Par Jean-Pierre Rosa
Il est clair que l’Europe manque singulièrement aujourd’hui d’unité et de projet. Les récents accrocs sur l’accueil des réfugiés syriens ou lybiens, de même que la lente remise en cause d’une frontière externe commune au profit des frontières nationales jugées plus sûres, en sont la démonstration cinglante.
Or l’occasion se présente, avec la menace de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union, de reprendre la main. Que veut en effet David Cameron et avec lui une bonne partie des politiques anglais ? Une Europe a minima, une Europe où l’on prend mieux en compte ceux qui s’intègrent le moins au projet, notamment ceux qui, comme la Grande-Bretagne , ne font pas partie de l’Eurozone ; une Europe qui tienne davantage compte des parlements nationaux … aux dépens bien sûr du parlement européen, la seule instance réellement démocratique de l’Europe ; une Europe enfin qui limite encore une fois l’immigration mais cette fois l’immigration interne, car l’idée est de rendre conditionnelle la couverture sociale des migrants intra européens !
A ces demandes l’Union européenne doit opposer un non ferme et résolu. Et même aller plus et demander à la Grande-Bretagne – à l’occasion du referendum qui vient – d’accepter désormais toutes les clauses du traité de Maastricht.
Accepter le Brexit au nom de l’unité de l’Union, au nom de la défense du plus faible de ses membres (que ferait l’UE si d’aventure le Portugal posait pareilles conditions ?) serait de nature à rendre crédible le projet européen, à lui donner un sens, à marquer sa générosité – comme ce fut le cas récemment pour la Grèce – mais aussi ses limites.
Ce serait en outre un avertissement et une épreuve de vérité pour tous les pays qui sont aujourd’hui tentés par la voie d’une Europe à la carte dont on prend ce qui est profitable et dont on laisse ce qui l’est moins, sans aucun égard pour l’unité de l’ensemble.
Bien sûr ce serait un immense dommage en termes d’économie. Mais à l’heure où, peu à peu, l’Europe se détricote, ce serait un message fort, capable de mobiliser non plus les dirigeants seuls, mais les peuples. Et d’inverser une tendance à la dissolution.
Jean-Pierre Rosa, de l’équipe du blog
Trackback pour cet article