Par Jean-Pierre Rosa
La conférence sur le financement du développement qui s’est tenue du 13 au 16 juillet à Addis-Abeba a été l’occasion de mettre en avant le continent africain en soulignant son potentiel de développement.
Avec une croissance de plus de 5 % au cours des dix dernières années, le continent noir peut en effet apparaître comme « émergent ». Pourtant la réalité est, sur le terrain, fort différente de ce que ce chiffre peut laisser penser. En effet l’apparition d’une classe moyenne tarde à se concrétiser laissant au contraire la place à un creusement des inégalités entre la fine couche des très riches et l’immense majorité des très pauvres. En réalité de très nombreux pays d’Afrique, particulièrement d’Afrique subsaharienne, souffrent d’une absence de gouvernance qui ne permet ni de guider les efforts en matière d’éducation, de santé et de sécurité, ni, surtout, de résister à l’hydre de la corruption qui absorbe tous les ans des sommes considérables et mine l’action de l’État. Sur ce point les appréciations de la Banque mondiale et le classement de Transparency International sont éloquents.
L’Afrique subsaharienne peine à sortir des schémas coloniaux qui lui font percevoir l’État comme une puissance extérieure et intouchable au service d’intérêts étrangers et lointains, ce qui créée des comportements de prédation à tous les niveaux de l’administration. Elle ne parvient pas non plus à endiguer une démographie explosive qui entraîne un exode rural massif, source d’une urbanisation le plus souvent anarchique.
Enfin elle doit faire face au défi d’une mondialisation des échanges et des informations qui lui imposent de passer à marche forcée d’une civilisation agraire à une société postindustrielle.
Ancienne puissance coloniale, la France ne peut rester indifférente au sort de cette Afrique noire « mal partie » selon l’expression prophétique de René Dumont. Mais comment agir puisque le continent a retrouvé une précieuse autonomie et que l’efficacité de l’aide au développement est loin d’ être prouvée ?
Peut-être tout simplement en changeant radicalement notre approche de l’immigration. Ouvrir totalement et inconditionnellement les frontières de notre pays est une expérience à tenter. Peut-être pourrait-on ainsi normaliser des échanges au lieu de tenter de gérer des flux à sens unique.
Jean-Pierre Rosa, de l’équipe du blog