Par Jean-Pierre Rosa
Ce ne sera pas en nous raidissant sur nos positions pro-européennes que nous construirons une Europe plus intégrée et plus aimable mais bien en tirant parti des défis qui lui sont lancés.
Le premier de ces défis concerne sa gouvernance. Si les institutions nationales souffrent d’un déficit de confiance et de légitimité, on peut dire que, pour les institutions européennes, ce déficit est porté au carré. Car non seulement le personnel politique européen est plus lointain du terrain que le national mais en plus le personnel politique national en profite pour décrier l’Europe afin de se relégitimer ! Comment réagir ? Peut-être en mettant davantage en avant le seule institution vraiment démocratique, le parlement, et en renforçant son pouvoir. Et pour cela, comme l’avait préconisé jadis trop timidement Jean Boissonnat lorsqu’il était président des Semaines sociales, commencer par fixer une date unique à l’ensemble des pays pour l’élection au Parlement européen. Le 9 mai serait une date symbolique forte pour un deuxième tour décisif. On voit bien tout l’intérêt de ce regroupement : focalisation médiatique, comparaisons, mise au grand jour des partis européens qui ne sont pour l’instant que des rassemblements de partis nationaux… Mais cette sortie par le haut devrait aussi s’accompagner d’un effort à la base : définir, au niveau des circonscriptions parlementaires, des zones de consultations fortes où pourraient se vivre des expériences de démocratie participative. Avec expérimentations à la clé et remontées communes au niveau du Parlement. A partir de là le Parlement pourrait monter en puissance, obtenir les pouvoirs qui lui manquent au sein des institutions européennes et devenir le vrai moteur de l’union.
Sur la question des migrants, l’Europe souffre de son égoïsme ? Pourquoi ne pas renforcer les jumelages Nord-Sud qui ont beaucoup fait dans les années 70 pour le renforcement de l’Union – et notamment pour la réconciliation franco-allemande – mais qui sont aujourd’hui à la peine. Là aussi le Parlement pourrait être moteur. Ce serait un moyen pour mieux connaître les pays d’où viennent les migrants et comprendre leur problématique.
Sur la question de l’Islam qui agite tant les esprits, les instances de dialogue et de travail entre religieux et politiques commencent à se répandre. Là aussi, tirons parti de notre diversité pour traiter la question des banlieues, de nos zones urbaines sensibles, de notre laïcité sans nous raidir sur nos « racines chrétiennes » qui risquent bien de devenir des souches mortes si nous ne les mettons pas au service de tous.
Enfin, en matière d’économie, une convergence fiscale est à promouvoir. Même si une certaine convergence tend à vouloir s’organiser timidement en matière de taxes indirectes, la fiscalité directe est pour l’instant de la compétence stricte des États membres, ce qui pousse ces derniers à se livrer à une concurrence fiscale délétère pour les populations de l’Union qui voient les taxes à la consommation augmenter et les impôts sur les sociétés diminuer et accusent … l’Europe ! Permettre au Parlement de travailler à la convergence fiscale des États membres tant en matière de taxes que d’impôts sur le revenu serait une manière de contourner cette politique de gribouille du moins disant fiscal.
Le génie européen a toujours reposé sur la capacité de résilience de ce continent phare qui a toujours su tirer parti de ses failles ou de ses errements pour rebondir. C’est dans ce sens qu’il faut, inlassablement, inventer et proposer, sans baisser les bras, des solutions concrètes.
Jean-Pierre Rosa, membre des SSF
Migrants : la Coface a publié, il y a quelques années, un bon document sur « les familles transnationales et la migration économique ».
Suivant qu’elles évitent ou maintiennent les liens avec le pays d’origine, suivant que leur lieu de résidence est « ethnique » ou diversifié, elles renforcent ou laissent partiellement tomber leur système de valeurs initial. Dans tous les cas, la téléphonie mobile et internet sont des défis pour les Etats-nations, avec le développement de « citoyens globaux » nés de la mondialisation et de situations de conflits armés ou de pauvreté.
On ne peut pas parler de l’Europe comme il y a 20 ans.
Il y a des urgences comme celle de ne pas débouter ces femmes battues ou torturées dans leur pays d’origine et mises à la porte de notre pays d’accueil, c’est à dire de la maison mère-enfant où elles ont pu trouver refuge, aux 3 ans de leur enfant.