Par Catherine Belzung
Ces dernières années, le taux de défiance envers l’idée de se faire vacciner a augmenté sans cesse, au point que la Ministre de la santé, Marisol Touraine, a commandé un rapport à la députée Sandrine Hurel dans le but d’élaborer des pistes pour « améliorer le taux d’adhésion » des français. Ce rapport devrait être rendu pour la mi-octobre.
Ce manque de confiance a plusieurs cause : l’ « affaire » du vaccin contre l’hépatite B dont l’innocuité a été controversée (sans démonstration scientifique de sa nocivité à ce jour), mais aussi la mise en avant des thèses naturalistes (l’idée que l’organisme peut se défendre tout seul). L’efficacité des vaccins contre certaines maladies graves est pourtant prouvée et a apporté à nos sociétés un bien être indéniable dont nous ne nous rendons même plus compte. Car c’est bien à la vaccination qu’on doit la baisse drastique de la mortalité des enfants au XXe siècle, partout dans le monde. Démonstration en a été faite en Afrique où, même en l’absence d’autres progrès, les campagnes de vaccination des années 1980 ont divisé par deux la mortalité des petits enfants en moins de 20 ans.
Les personnes prônant la défiance envers la vaccination oublient que la vaccination de chacun vise la santé de tous. En s’estimant assez forts pour lutter « naturellement » contre les maladies en question grâce à un système immunitaire compétent, les adeptes de la défiance oublient que le but principal de la vaccination n’est pas seulement leur propre santé mais aussi d’éviter la propagation des agents infectieux. Ainsi, en se vaccinant, les sujets en bonne santé participent à l’arrêt de la circulation des virus, évitant que ceux ci n’atteignent des personnes vulnérables, en particulier celles qui n’auraient pas un système immunitaire suffisamment compétent pour se défendre elles-mêmes contre les virus en question (les plus jeunes, les plus âgés, les malades). Ainsi, en mettant l’intérêt général et le bien commun avant son inquiétude personnelle (largement non fondée), on pourrait contribuer à protéger davantage les personnes qui en ont le plus besoin.
Catherine Belzung, membre du CA des SSF
La vaccination, oui , mais pas à tout va. Quel est ce discours moralisateur qui traite d’irresponsable, d’individualiste et de dédaigneux de l’intérêt général les personnes suspicieuses vis-à-vis de cet acte qui n’est pas anodin.
Entre le DTCOQ POLIO et les actuelles multi vaccinations tellement nombreuses que l’on finit par ne plus disposer des vaccins de base, il y a un fossé. Je comprends tout à fait les considérations africaines (même si l’on peut penser que certaines thérapies alternatives pourraient apporter de grands soulagements. Je pense en particulier à l’artémise pour le paludisme).
La surmédicalisation d’une part coûte cher et d’autre part aboutit à un résultat inverse à celui proposé. En voulant protéger on finit par exposer davantage.
Il ne me semble pas que dans ce billet les personnes suspicieuses envers la vaccination soient traitées d’individualistes ou d’irresponsables. Le but de ce billet était plutôt pédagogique, essayant d’expliquer un fait souvent ignoré, à savoir que la vaccination permet de protéger les plus faibles. Cela ne s’oppose en rien au fait que certaines médecines alternatives, comme la tisane d’artémise (la découverte de son efficacité a d’ailleurs été récompensée par le prix Nobel de physiologie et de médecine cette année) puissent guérir et quelques fois prévenir l’apparition du paludisme (le problème étant simplement, dans ce cas précis, de parvenir à éviter les contrefaçons nombreuses).
C’est peut-être indépendant de votre volonté mais le fait de faire de la « pédagogie » sur une question qui reste controversée a, que vous le vouliez ou non, un côté moralisateur qui renvoie les « mauvais » dans leur « défiance », dans leur « oubli » supposé du bien commun. Eh bien non, ce n’est pas de façon aussi simple et binaire que la question se pose. Tout le monde sait que la vaccination est faite pour protéger les plus faibles. Mais la campagne que l’on fait aujourd’hui, avec une tendance – à laquelle vous vous rangez – à culpabiliser – je maintiens – les personnes qui, en toute citoyenneté se posent des questions, me semble largement contre productive. Je préfère de loin l’approche du billet suivant qui stigmatise l’attitude « professorale » de Marisol Touraine. Quand donc cessera-t-on de nous prendre pour des enfants ?