Par Jean-Pierre Rosa
Lorsque Donald Trump, à la surprise générale, a été élu, les commentateurs se sont voulus rassurants : le président, heureusement, ne peut pas tout faire ! Faire payer au Mexique un « mur » de 1500 km de long ? Impossible ! Expulser les sans-papiers qui se comptent par millions aux Etats-Unis ? Pas si simple disent les commentateurs. Renégocier les traités ? Peut-être, si le Congrès donne son accord. Abolir l’Obamacare ? Plus compliqué à faire qu’à dire. Les démocrates du Congrès risquent de faire obstruction. Ce dont ils ont le droit. En bref l’élection de Trump risque davantage d’infléchir le vaisseau américain que de lui faire prendre le virage à 180 ° que promettait le populiste Trump à ses électeurs.
Et en France, que se passerait-il si Marine Le Pen était élue ? A elle aussi s’appliquerait la loi de la pesanteur politique qui veut qu’un président – en l’occurrence une présidente – ne peut pas tout ?
Le problème essentiel que posent ces élections présidentielles, c’est que les présidents, effectivement, n’ont pas un grand pouvoir. D’abord parce que la majorité des décisions relèvent de la loi et qu’un vote au Parlement, même avec une majorité favorable, n’est pas toujours acquis. Ensuite, et particulièrement en Europe, parce que les Traités signés imposent un certain nombre de mesures que l’exécutif prend au fil du temps. La loi Macron, par exemple, sur la libre concurrence des transporteurs de voyageurs par la route, n’est que la transposition d’une directive européenne, pas une initiative du ministre. Bien sûr il est des domaines qui sont du ressort exclusif du pays mais ils ne sont pas si nombreux.
Quel est alors le danger d’un vote populiste ? C’est à dire d’un vote donné à une personne annonçant des mesures populaires mais impraticables ? Eh bien tout simplement que le président s’affranchisse des barrières qui s’imposeraient à sa volonté au motif qu’il a été élu sur un projet et que les électeurs lui donnent le droit, voire le devoir, de passer en force, quitte à amender la constitution.
Le risque est-il nul ? Certes le pire n’est pas toujours sûr mais nous avons autour de nous des exemples de plus en plus nombreux de chefs d’État dont l’autoritarisme finit par inquiéter. Vladimir Poutine en Russie, Erdogan en Turquie, Victor Orban en Hongrie. Et maintenant Donald Trump aux Etats-Unis.
C’est pour cette raison aussi que le vote FN n’est pas un vote comme un autre. Pour sa potentialité dictatoriale. Le recours incessant au referendum annoncé dans le programme du FN en est d’ailleurs l’annonce.
Jean-Pierre Rosa, membre des SSF