Par Grégoire Lefèvre
Lors d’une soirée de conférence et d’échanges organisée par les Semaines Sociales d’Antony, en partenariat avec la Revue Projet, le 19 janvier, Grégoire Catta s.j, Yannick Blanc (préfet du Val d’Oise) et Pierre Veltz (ancien président de l’OIN Paris Saclay) ont traité du sujet « Comprendre et anticiper les mutations des organisations territoriales en Ile-de-France » ?
Pour Yannick Blanc, le territoire, dans le contexte français et francilien, n’est plus cette étendue bien délimitée, cet objet passif à défendre ou à conquérir, ni même à « aménager » de façon autoritaire et planifiée.
Le territoire est devenu« l’espace de l’action collective », qui peut recouvrir des échelles et limites géographiques variées, plus mouvantes qu’auparavant. La réalité territoriale se rapproche ainsi de ce que l’économie appelle un « écosystème », même si le territoire ne se limite pas à ses aspects économiques. Et Yannick Blanc d’expliquer qu’il s’agit de l’espace dans lequel s’inscrivent des interdépendances concrètes entre acteurs et où ces interdépendances sont vécues comme des leviers pour l’action, génèrent une dynamique, fondée sur la « confiance ».
D’un objet passif, le territoire se serait ainsi métamorphosé en un objet actif, « un espace dans lequel je peux identifier des partenaires pour agir », « une communauté d’action ».
Pour le socio-économiste Pierre Veltz, le territoire constitue aussi « une ressource pour l’action », par exemple c’est le territoire lui-même qui peut être un facteur de développement économique.
L’organisation territoriale, d’un point de vue institutionnel, apparaît comme en décalage avec cette transformation des territoires en « ressources pour l’action » et en « communautés d’action ». Il en va ainsi des nouvelles régions, qui correspondent plus à une logique d’optimisation des dépenses publiques par la création d’ « agences publiques » qu’à une logique territoriale.
Quant à la Métropole du Grand Paris, l’échelon pertinent de cette Métropole est, d’après Pierre Veltz, celui de Paris et de la région Ile-de-France dans son ensemble, allant donc au-delà des limites de l’actuel « Grand Paris » (créé au 1er janvier), qui comprend Paris et la « petite couronne » (départements des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis) mais ni le Val d’Oise avec le « hub » très dynamique de Roissy (où la création de plusieurs milliers d’emplois est anticipée), ni l’Essonne avec le pôle scientifique et technique majeur de Saclay, qui représente une part non négligeable de la recherche dans notre pays (par exemple, 18% de la recherche française en Physique).
Pourtant, c’est bien à l’échelle de l’Ile-de-France en son entier que se posent certains problèmes, qui génèrent des aspirations chez les franciliens, en matière de transport et de logement notamment.
Prenant à contre pied les théories qui ont inspiré la politique d’aménagement du territoire de l’après-guerre en France, tel le fameux « Paris et le désert français » (titre d’un ouvrage de Jean-François Gravier), Pierre Veltz estime que Paris et sa région sont un atout pour le pays. Aussi, il n’est guère pertinent de ralentir la dynamique parisienne et francilienne en pensant que cela bénéficiera au reste de la France, qui serait entravé dans son développement par le poids de la capitale et de sa région. En fait, c’est le contraire qui s’est produit. Comme l’ont montré les recherches de Laurent Davezies, citées par Pierre Veltz, l’économie de régions situées en province bénéficie nettement de « revenus de transfert » issus de Paris et de l’Ile-de-France, soit par un mécanisme de redistribution publique, soit par des dépenses effectuées dans ces régions par les parisiens et franciliens, à travers le tourisme notamment.
Comment une politique territoriale francilienne peut-elle soutenir cette dynamique ?
Par exemple, comment retenir et fidéliser en Ile-de-France des actifs entre 30 et 50 ans, par une offre de logements et de transports appropriée, permettant de faire face à la concurrence de certaines métropoles provinciales où le ratio coût de la vie-qualité de la vie peut sembler meilleur ?
Ces questions se situent au cœur de l’articulation, qui reste à inventer, entre le territoire comme réalité économique et sociale et le territoire comme entité politico-administrative, à reconnecter aux acteurs et aux dynamiques de terrain.
Grégoire Lefèvre pour les Semaines Sociales d’Antony.
Scandalisée que ces messieurs ne tiennent aucunement compte de l’aspiration de 80% des cadres d’IDF à aller vivre en Province pour des raisons de qualité de vie. Ils en sont à « fidéliser les 30 – 50 ans » !!! A vivre l’attractivité des métropoles de Province comme une « concurrence » au lieu d’y voir l’opportunité d’un rééquilibrage territorial nécessaire qui permettrait au dynamisme parisien de continuer à bénéficier à la France tout en cessant de supporter les coûts économiques, humains et sociaux de la pénurie de logement, des temps de transports énormes et des familles qui explosent à cause du stress et du manque de temps ensemble.
Nos élites sont vraiment déconnectées du facteur humain.