Par Delphine Bellanger
Depuis le crash de l’A320 avant-hier, nous assistons une fois encore au grand déferlement médiatique de « l’info en temps réel ».
Toutes les hypothèses sont envisagées, un nombre incalculable d’experts en tous genres s’expriment tour à tour en évitant soigneusement de parler d’attentat tout en soulignant avec instance les multiples « incohérences » qui permettraient de valider la thèse de l’accident, et ainsi de tous nous rassurer.
Le doute et la suspicion s’insinuent lentement mais sûrement dans nos esprits marqués par le 7 janvier.
Un vrai polar en temps réel se joue via Twitter et les chaînes d’infos, nous rendant chaque minute plus accros.
C’est vrai quoi, on a envie de savoir nous, attentat ou accident?
Si attentat, alors quoi ? Plus de limite au chaos ? A la barbarie ? A la peur ? On fera quoi ? Une autre marche républicaine ? On courbera l’échine ? On se terrera dans nos caves, le regard suspicieux ? On tentera de résister ? Comme jadis nos grands-parents héroïques dont on nous raconte l’histoire sur fond de « si ça recommence, alors toi aussi tu résisteras !»
Les terroristes se jouent de nous et nous donnent habilement de quoi nous repaître de nos systèmes de plus en plus performants, rapides, nous donnant l’illusion d’être importants puisque informés jusqu’à l’écœurement. La bête immonde, cette fois-ci, semble être allée se glisser dans les gigas bits de la fibre optique d’Internet.
On nous promet une conférence de presse en début d’après-midi pour permettre d’informer d’abord les familles…
Chers journalistes, nous sommes suspendus à vos Twits. Et bien mal préparés à encaisser le choc.
Si vous passiez un peu moins de temps devant la télé, vous seriez moins accro. Ou alors, vous n’êtes pas très occupée. Car quand on bosse, on apprend la nouvelle le soir en rentrant chez soi.