Par Catherine Belzung
Comment expliquer le succès actuel du vote en faveur du Front National ? En général, quand un discours, quel qu’il soit, fonctionne bien, c’est qu’il accueille l’air du temps. Or l’un des phénomènes les plus frappants de notre époque est sa fascination pour les émotions.
L’attrait pour les phénomènes extrêmes ou pour leur représentation dans la culture contemporaine a été souligné dans bien des domaines. Dans le livre de Paul Ardenne (Extrême. Esthétiques de la limite dépassée), plusieurs exemples sont mentionnés à l’appui de cette thèse, comme certaines pratiques extrêmes dans l’activité physique (il s’agit d’ « avoir des sensations fortes») ou l’utilisation de procédés presque insoutenables dans l’art (il s’agit de choquer autant que possible, en utilisant la violence et en dégradant l’image humaine).
Tout cela relève probablement d’une forme de lassitude envers ce qui fait consensus, d’une réaction à une certaine forme de discours convenu ou d’indifférence généralisée qui peut parfois ressembler à une anesthésie.
Or justement, le discours du Front National fonctionne autour de ces ressorts, puisqu’il choque en s’attaquant à des valeurs fondamentales de notre République. Et cela éveille l’intérêt, le rendant plus audible que d’autres formes de propositions politiques. Une fois que l’attention a ainsi été attirée, il suffit de manipuler les émotions de base de l’auditoire (peur de son avenir, colère envers les pratiques d’une ennemi supposé) et de se présenter comme le sauveur qui viendrait répondre à tous ces défis pour susciter une adhésion sans faille à un « programme » qui n’est qu’une liste de mots clefs, parfois sans contenu plus précis. Car si ce sont les émotions qui sont à l’origine d’un choix politique, il n’y a même plus besoin d’un contenu détaillé et opérationnel aux propositions qui sont faites aux citoyens.
Suite et fin !
Catherine Belzung, membre du conseil des SSF
Le livre de Michel Lacroix, « Le culte des émotions » explique Tb certains phénomènes.
Mme Beltzung oublie de souligner dans son article 3 sur le FN qu’il n’y a plus un sou pour maintenir notre système de protection sociale. On peut nous envier ce système mais cela ne sert à rien d’envier à un pays ce qui ne marche plus dans ce pays.
Par ailleurs, le succès regrettable du FN a des explications qu’un article de la presse nationale a données, chiffres à l’appui : Depuis plusieurs dizaines d’années, à chaque fois que le PS déçoit, il fait le gigantesque lit du FN.
On ne peut pas expliquer le succès du FN sans le constat d’échec qui précède ce succès. Diaboliser systématiquement le FN est également une manière de se laisser aller au culte des émotions et de lui ouvrir très grand la porte par la même occasion, car il faut tenir compte du mode de fonctionnement des Français dans leurs choix politiques.
Comme tout parti extrême, le FN pose des questions sérieuses, méritant d’être prises en compte par des partis qui ne sont pas extrêmes.
Ralbol signifie-t-il sinistrose ? Pas certain.