Par Catherine Belzung
Beaucoup la trouvent innovante, géniale, s’enthousiasmant du changement radical de nos modes de vie qu’elle va permettre. Outil de haute technologie, les « Google Watch » , « Apple Watch » et autres montres connectées sont constituées d’un genre d‘écran miniature, se portant comme une montre, mais connectée à internet (on peut donc récupérer les mails en plus des SMS, etc), et permettant de récupérer toute sortes de données, en particulier dans une application appelée « Santé » comme notre rythme cardiaque (qui est enregistrée toutes les 10 minutes (fournissant des statistiques en fin de journée), notre pression artérielle, le nombre de pas que nous faisons, la distance parcourue, le nombre de calories dépensées, le temps passé debout.
Beaucoup a été dit sur cette réorientation de Google sur la santé, et sur les risques encourus, en particulier le fait que les données recueillies puissent être exploitées par des assurances et autres entreprises ayant des intérêts financiers dans la santé des gens. Ces dangers sont bien sûrs réels, ils doivent être pris en compte et les personnes concernées, doivent être protégées, de sorte à ce que la confidentialité soit parfaitement respectée et que l’équité dans l’accès aux assurances soit garantie.
Mais à côté de ce risque, il en est un autre, peut être plus grave encore. En effet, cet instrument pousse les gens à se focaliser sur leurs données physiologiques. Quel a été ma fréquence cardiaque maximale aujourd’hui ? Combien de calories ai-je dépensé ? Ai-je marché une distance suffisante pour conserver une bonne santé ? De façon générale, prendre conscience de son corps est plutôt positif, si cela est fait d’une façon équilibrée. Mais ici le risque est grand de voir se développer une focalisation narcissique, poussant les personnes à se concentrer sur elles, sur leurs variables physiologiques et leur santé, plutôt que de se tourner vers ceux qui les entourent, et qui pourraient avoir besoin d’aide, d’écoute, d’attention.. A force d’être « à l’écoute de notre corps », ne risquons-nous pas d’oublier d’être à l’écoute des autres et du monde ?
Crédits photo : Flickr
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