Par Jean-Pierre Rosa
Ce qui se passe en ce moment en Méditérannée ne peut nous laisser indifférents. Mais face à un phénomène d’une telle ampleur et d’une telle complexité nous nous sentons à la fois horrifiés et impuissants. D’autant que les opinions publiques dans les différents Etats de l’Union ne semblent pas encore avoir fait le lien entre immigration et guerre. Essayons donc de sérier les questions.
Tout d’abord, la formidable poussée migratoire en provenance de la Libye (ou passant par elle) provient d’un pays profondément instable. Elle est livrée à tous les trafics, à toutes les manipulations. Elle est mortelle. Si c’est bien l’Italie qui est le premier pays concerné, ce n’est évidemment pas lui qui est visé par cette vague migratoire mais l’Europe. C’est donc à l’Europe de porter tout entière, solidairement, le poids de cette question. C’est à elle qu’il revient d’harmoniser les politiques migratoires des États et de les piloter. A elle aussi de financer les mesures d’urgence ou de long terme à prendre.
Ensuite, si la Libye est une des questions, il convient d’assumer nos actes ! Nous avons, à juste titre ou pas, là n’est plus la question, contribué à renverser un régime dictatorial. Mais la pacification du pays n’est pas terminée. Continuer, de façon solidaire à travailler ce dossier est une autre grande urgence. Et ceci en en tirant toutes les conséquences. En effet, si nous devons, pour avancer, laisser tomber des ventes d’armes à certains pays du Moyen Orient, il ne faut pas hésiter. Mais là encore, n’en déplaise aux souverainistes, un pilotage européen est seul à même d’harmoniser le versant politique de la question.
Jean-Pierre Rosa, de l’équipe du blog
Photo : migrants de retour de Libye © IRD / Julien Brachet