Par Catherine Belzung,
Chacun le sait : dans une société comme notre République, nous avons à la fois des droits et des devoirs. Des droits, car nous bénéficions d’un système fort bien pensé, donnant à tous l’accès à l’éducation, aux soins, à la protection sociale, à la sécurité, à la liberté d’expression, à un traitement égalitaire, etc. Mais aussi des devoirs, comme le respect d’autrui, la solidarité, le respect de la propriété privée, le versement d’une contribution financière (les impôts), etc. C’est justement l’équilibre entre les deux qui garantit un vivre ensemble harmonieux, dans l’intérêt de tous. Si l’une ou l’autre de ces deux notions est escamotée, le déséquilibre qui en résulte peut être source de bien des malaises.
N’est ce pas ce qui se produit aujourd’hui ? L’individualisme galopant et le consumérisme ambiant ont justement comme corollaire la mise au second plan des devoirs, qui sont au service de l’intérêt général, pour mettre au premier plan des droits que le sujet consomme et revendique à corps et à cris, avec le sentiment infantile qu’on lui doit quelque chose, même s’il ne donne rien.
Il suffit alors à qui veut en profiter de s’approcher de ce citoyen effrayé, et de lui susurrer à l’oreille qu’il a vraiment droit à tous ces avantages, qu’il y a un risque sérieux que ces droits lui soient bientôt ôtés, s’il n’y prend pas garde. Sans aller plus loin dans la réflexion, il bondira vers les urnes, avec la seule idée de défendre son intérêt, le bien commun étant relégué aux oubliettes.
Catherine Belzung, membre du conseil des Semaines sociales de France
Illustration : Photo Luc De Leeuw, Flickr common license