Par Jean-Pierre Rosa
A la différence de tous les autres extrémismes islamistes qui se sont succédés récemment, Daech mène trois guerres en même temps qui s’alimentent et se renforcent l’une l’autre.
La guerre du sol : Daech cherche à profiter du désordre international et régional pour implanter, entre la Syrie et l’Irak un territoire autonome, guidé par un calife autoproclamé et qui obéit aux lois très strictes d’un islam intégriste dans sa doctrine et dans ses mœurs mais rompu, dans sa pratique guerrière tout au moins, aux techniques ultra sophistiquées de la modernité. Les erreurs de l’administration Bush en Irak, la montée en puissance de l’Iran, la résistance de Bachar el-Assad, les oppositions entre les grandes puissances ont servi assez largement ses desseins.
La guerre exportée : Daech se vit comme la patrie des islamistes, un peu comme l’Union Soviétique à une époque était celle des révolutionnaires. Daech exporte son modèle politico-religieux dans les esprits du monde entier et cherche, par la terreur, à diviser les peuples.
La guerre des réfugiés : La crainte d’avoir à subir la tutelle et les exactions d’un état criminel et imprévisible jette sur les routes du monde une masse innombrable de réfugiés. Les États voisins les accueillent en masse au risque d’en être déstabilisés. Quant aux États plus lointains, l’Europe tout particulièrement, ils font face à ce troisième visage de la guerre en ordre dispersé, manifestant publiquement les égoïsmes fonciers et la courte vue de leurs peuples et de leurs dirigeants.
Les progrès de Daech au sol ont été arrêtés.
La bataille psychologique et terroriste s’est montrée tellement outrancière qu’elle n’a pas réussi à dresser, à l’intérieur des États, au moins en Europe, les communautés les unes contre les autres.
En revanche, Daech, il faut bien l’avouer, a gagné la guerre des réfugiés. A force d’atermoiements, de maladresses, d’annonces divergentes et, pour tout dire, de repli frileux sur soi, les États d’Europe ont révélé un visage extrêmement égoïste et étroit d’eux-mêmes. Une image aussi peu généreuse, aussi calculatrice, aussi prompte à rejeter sur le voisin la charge de l’accueil ne peut que servir de repoussoir à des jeunes dont on oublie trop souvent la soif d’idéal. Bref la guerre des réfugiés sert le projet politique de Daech et le recrutement de djihadistes n’est pas près de s’arrêter !
Face à ce naufrage européen, seul le pape a su poser les actes politiques prophétiques que l’on n’osait plus attendre de lui. Restent maintenant aux chefs d’états et de gouvernement à se saisir de cette occasion pour infléchir le cours de leur action.
Jean-Pierre Rosa, de l’équipe du blog