Par Jean-Pierre Rosa
Un ami, ancien haut-fonctionnaire, me fait parvenir cette prise de position, pour laquelle j’avoue avoir une grande symapthie et convergence de vues, comme une récente tribune l’atteste :
« A une semaine du premier tour des présidentielles et au regard des derniers sondages qui nous donnent Marine Le Pen et Emmanuel Macron en recul à 22%, Jean-Luc Mélenchon en hausse à 20%, François Fillon à 19% et Benoit Hamon en dessous de 10%, il apparaît que se profile un véritable scénario « catastrophe » : un second tour entre Marine Le Men et Jean-Luc Mélenchon.
« Je ne prendrai pas la peine d’expliquer que l’élection de la première nous mènerait au chaos (économie et social, géo-politique, Europe etc.) Cela a déjà été dit plusieurs fois. Mais je tiens, au risque de froisser les convictions de quelques-uns, à exposer en quoi la « solution » Jean-Luc Mélenchon nous mènerait à la même situation.
« Son parcours politique est, pour le moins, inquiétant : départ du PS où il était presque unanimement détesté – notamment pour son inconséquence et ses « trahisons » successives -, dénonciation assez outrancières de la presse, soutien d’Hugo Chavez, campagne hargneuse de 2012, populisme « malin », refus de désavouer Poutine ou Bachar El Assad… Bref un personnage à l’ego surdimensionné, donc dangereux. Par rapport à Donald Trump, il n’y a qu’une différence de degré.
« Cela n’aurait peut-être qu’une importance relative si son programme n’était pas porté par un populisme sans limites. J’allais dire sans égal, mais il est vrai que Marine Le Pen lui fait une solide concurrence dans l’incantation et le « je rase gratis ».
« Sur le plan économique donc, il s’inspirerait de Keynes et de la relance par la demande, mais je ne crois pas une seconde que ce très grand économiste, inspirateur du New Deal de Roosevelt, aurait appliqué aux crises financières d’aujourd’hui les recettes de l’époque. Sa vidéo : « Vous injectez trois cent milliards et puis ça fait tout le tour du circuit » (économique) et il en ressort je ne sais plus combien de milliards à distribuer à nouveau… n’a aucun sens pour un observateur de ces questions. C’est d’ailleurs l’avis de la quasi totalité des économistes, de droite comme de gauche, Français ou étrangers, à l’exception de quelques rares égarés, généralement connus comme Jacques Sapir qui inspire également Marine Le Pen.
« Sur le plan international, en oubliant même, Poutine, Bachar el Assad ou Nicolas Maduro, son hostilité à l’Europe est une solide certitude et son rêve est évidemment d’en sortir. On nous promet une négociation avec les européens, à laquelle personne ne croit (sans doute pas même lui), suivie d’une sortie qui n’ose dire son nom. Ce serait la fin de l’Union européenne.
« Sur le plan politique surtout, il n’a quasiment aucune chance de réunir une majorité au terme des législatives. Qui croit à un ralliement des socialistes, au-delà de quelques alliances locales ? Qui pense que le PCF sera le fidèle soutien qu’il pourrait espérer et acceptera de disparaître au profit de l’ego de notre héros ? Qui imagine surtout que le moindre député du centre viendra lui porter secours ?
« On pourrait objecter qu’aucun candidat ne semble en mesure de trouver une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Il est en effet vraisemblable que nous nous dirigeons soit vers une cohabitation, soit vers un gouvernement de coalition – comme dans la grande majorité des Etats européens -, mais il est quasiment impossible de fonder une coalition quand on se situe à l’extrême gauche ou à l’extrême droite, ce qui n’est évidemment pas le cas pour les candidats se situant au centre du jeu.
« Quant à la VIème République et la « constituante », nous sommes dans l’incantation. En effet, à moins de s’affranchir de tout cadre constitutionnel, comment trouver la nécessaire majorité renforcée au parlement pour avancer ?
« En un mot, sa personnalité est très inquiétante et son programme purement démagogique.
« Mais le pire est que, dans un second tour Le Pen-Mélenchon, celle-ci a toutes les chances de l’emporter. Qui peut penser un instant que les voix de la droite et du centre et même des électeurs de gauche se porteront vers le candidat de l’extrême-gauche porteur d’un tel programme économique, d’une telle politique internationale et européenne ?
« Au mieux les retrouverons-nous dans l’abstention…
« C’est pourquoi, à moins de préférer voter pour François Fillon – qui pourrait bien connaître le même sort face à Marine Le Pen – n’apparaît qu’une seule et unique alternative à ce scénario catastrophe : soutenir la candidature d’Emmanuel Macron, au-delà des doutes et éventuelles réticences que peut inspirer ce nouvel acteur de notre vie politique.
« Il est en effet le seul candidat capable de précéder Marine Le Pen au premier tour. Surtout, il est l’unique candidat dont on est à peu près certain qu’il l’emportera largement au second tour, non pas, semble-t-il avec un étroit 55/45, mais plutôt avec un solide 65/35 !
« Avec un programme politique tout à fait acceptable et, surtout, susceptible de rassembler (ce dont on bien besoin les Français), et un programme économique « pro-actif », garant de notre système social, loin du populisme et de l’austérité dévastatrice, il est, compte-tenu de sa nouveauté et de sa position « centrale », le seul susceptible de trouver une majorité au terme des élections législatives. Tout ceci lui permettrait de négocier en bonne position une évolution positive, et nécessaire, de l’Union européenne.
« Enfin nos enfants et petits-enfants ne pourront pas nous reprocher une fois de plus d’avoir élu des vieux croûtons…
« La vie politique n’est pas un conte de fée. Elle ne se traduit quasiment jamais par l’élection d’un candidat « idéal ». Les choix binaires sont réservés aux rêves des enfants.
« En ce sens, je ne crois ni à l’abstention ni aux vertus du vote blanc…Se faire plaisir, en se défoulant, au moment des élections est certes une tentation compréhensible mais qui peut être mortelle. »
Jean-Pierre Rosa, membre des Semaines sociales de France
Dans la musette de Melenchon ,il y a aussi un pamphlet anti-allemand à méditer « le hareng de Bismarck ».
les medias, fascinés et complices du bateleur, sont-ils incapables de dire la vérité?
A l’automne 1940, lors d’une conférence donnée à l’école d’Uriage, Emmanuel Mounier définissait les « trois consignes de l’intelligence en temps de crise » : « fidélité, lucidité et vigilance ». Plus que jamais, il faut rester fidèle aux valeurs et aux convictions qui sont les nôtres pour éviter de se laisser entraîner dans une aventure qui serait aux antipodes de ces valeurs. Il faut être lucide sur l’homme, sur son programme et ses propositions. Il faut enfin être vigilants pour ne pas tomber dans la fascination qu’exercent sur les médias son lyrisme, sa verve, sa grande culture, son aptitude à susciter un rêve… qui deviendrait vite un cauchemar !
Merci de nous partager cette tribune, Jean Pierre.
J’aime particulièrement cette phrase, clef : « soutenir la candidature d’Emmanuel Macron, au-delà des doutes et éventuelles réticences ». Et m’y reconnait tout a fait.