Par Jean-Pierre Rosa
Cette petite phrase du jésuite Jean-Yves Calvez, dans les années 90, peu après la chute du mur qui symbolisait le dernier ennemi de taille au capitalisme mondialisé, semble être devenue d’une troublante actualité. L’affaire Volkswagen en effet, laisse songeur.
Une fraude organisée sur 11 millions de véhicules, un mensonge sur cette fraude qui ne peut plus être considérée comme relevant de la seule responsabilité de « quelques dizaines d’ingénieurs », comme continue à l’affirmer la direction de l’entreprise, une perte historique pour l’année écoulée, (4,4 milliards d’€), une provision pour risques liées aux amendes et litiges en cours ou à venir dépassant tout ce qui est imaginable (16, 2 milliards d’€), à hauteur de la quasi totalité du résultat opérationnel du groupe. Et, cerise sur le gâteau, des dirigeants qui réussissent, face aux salariés et à l’opinion publique, à conserver les rémunérations délirantes qu’ils perçoivent (de 10 à 15 millions d’€ pour les membres du directoire). Et des dividendes en hausse !
On a la très désagréable impression de se trouver dans une pièce de Shakespeare, face à des dirigeants frappés par la démesure, dont les fautes et le cynisme répandent le désastre et la honte autour d’eux.
L’ennui c’est qu’il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre mais bien de la réalité. L’ennui encore, c’est que la marque allemande n’est pas seule dans son cas. Les plus grands constructeurs automobiles de la planète auraient eux aussi utilisé le fameux dispositif destiné à passer les tests tout en continuant à polluer.
Ce qui conduit à s’interroger : n’est-ce pas le système économique lui-même qui génère des comportements aussi aberrants ? Sans nier la responsabilité humaine, ce système néo-libéral qui domine le monde depuis la chute du mur n’incite-t-il pas, par la course irrépressible au gain qu’il suppose et impose, à la fraude, au mensonge, à la rapacité, bref à tous les excès liés à l’idolâtrie de l’argent ?
Bien sûr on peut se féliciter de la transparence qui peu à peu s’installe. Mais ne faudrait-il pas songer sérieusement à changer de modèle économique ?
Jean-Pierre Rosa, de l’équipe du blog
« Ils auront beau regarder de tous leurs yeux, ils ne verront pas ; ils auront beau écouter de toutes leurs oreilles, ils ne comprendront pas » ; sinon ils changeraient leur comportement !
Jacques Clavier