Par Catherine Belzung
Ce samedi, notre Premier ministre a déclaré à Munich que « nous ne pouvons pas accueillir plus de réfugiés ». À trois jours d’un sommet européen consacré, entres autres, à l’afflux de migrants en Europe, que penser de cette déclaration ?
D’après l’Organisation Internationale pour les Migrations, plus d’un million de migrants (précisément 1 046 599 personnes) est arrivé en Europe en 2015. Bien sûr, la principale raison pour accueillir ces personnes – qui bien souvent fuient des situations terribles de conflit dans leur pays (180 000 d’entre eux viennent de Syrie) – est notre culture de l’accueil, l’une des valeurs à la base de nos démocraties européennes. Cependant, comme chacun sait, certaines voix s’élèvent à l’inverse pour mettre en avant des raisons plus pragmatiques de ne pas accueillir ces personnes en détresse, comme l’impossibilité pour elles de s’approprier nos valeurs, ou l’impact économique négatif que pourrait avoir un afflux trop massif de migrants. Qu’en est-il au juste ?
En réalité, les études sérieuses et documentées pointent à l’inverse sur l’impact positif de l’arrivée de ces personnes sur le plan économique, et sur la rapidité avec laquelle elles s’inscrivent dans nos valeurs. Ainsi, un rapport conjoint de la Banque Mondiale, de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) et de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) montre que l’impact fiscal (la différence entre les taxes payées et les aides publiques reçues) des migrants est positif, en particulier en France (+ 0.8%). En outre, les migrants ont en général un niveau de motivation élevé (comme en témoigne le douloureux voyage qu’ils ont entrepris), un niveau d’éducation supérieur à la moyenne, une bonne aptitude à l’innovation et ils fournissent aux entreprises des opportunités de développement de nouveaux marchés à l’international. En effet, la diversification des compétences et des réseaux qu’apportent ces personnes dans nos entreprises est le plus souvent un atout.
Quant à l’argument de la difficulté d’intégration de ces personnes, des études sérieuses battent aussi les préjugés en brèche. C’est le cas en particulier de découvertes récentes dans le champ de la « psychologie culturelle». De quoi s’agit-il ? Il existe des tests standardisés montrant que des variations culturelles existent dans certains domaines comme la définition de ce que c’est qu’une agression, de ce que c’est d’être compétitif et de ce qui est moral et de ce qui ne l’est pas. Même si on peut regretter de ne pas bénéficier davantage des richesses que peut apporter la diversité sur le plan culturel, une étude récente publiée en janvier 2016 a montré qu’une seule génération suffisait pour qu’une population d’immigrés du Bangladesh s’approprie les valeurs du quartier de l’est londonien dans lequel ils s’étaient installés.
Bref, l’ensemble de ces études montre une seule chose : les données scientifiques, loin de mettre en cause les valeurs d’accueil et d’hospitalité qui sont à la base de notre culture, montrent que nous avons eu raison de les promouvoir !
Catherine Belzung est membre du Conseil des Semaines Sociales