Par Patricia Humann
PISA 20121 a montré que la France se situait au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE avec un score de 505 points en compréhension de l’écrit (contre 496 points, en moyenne, dans les pays de l’OCDE), score stable par rapport à PISA 2000. Cependant, PISA 2012 montrait aussi que le nombre d’élèves en difficulté en français était particulièrement important en France (18,9% sous niveau 2) plaçant notre pays à la 22ème place sur 34 des pays de l’OCDE. En revanche, une frange importante d’élèves étaient très bons (12,6 % d’élèves au-dessus du niveau 5), plaçant la France en 2ème place dans l’OCDE.
La récente évaluation CEDRE des élèves de CM2 publiée en juillet 2016 est plutôt encourageante. En 2016 comme en 2003, 60% des élèves ont une maîtrise suffisante des compétences attendues en fin de scolarité primaire. Surtout : les élèves très faibles et faibles sont moins nombreux qu’en 2003 et 2009, et les élèves moyens sont plus nombreux qu’en 2003/ 2009. (En revanche le nombre d’élèves très bons est en diminution). De même en éducation prioritaire, le score moyen des élèves a augmenté de 12 points par rapport à 2003.
Ces scores sont cependant malheureusement encore très dépendants du niveau social des élèves. Contrairement à certains autres pays, l’école française ne parvient pas à faire réussir les enfants des classes les moins favorisées aussi bien que les autres enfants. Par exemple ils sont beaucoup plus nombreux à s’orienter vers la voie professionnelle, souvent par défaut du fait de leurs difficultés scolaires au collège (en 2014 : 45% des élèves en bac pro sont enfants d’ouvriers). Depuis avril 2016, les écoles en France sont répertoriées en fonction du niveau social des élèves. Une analyse des résultats de l’étude CEDRE par type d’école montre que le score moyen de 251 chute à 238 dans les écoles où les CSP sont bas (1/4 des écoles) et grimpe à 265 dans les écoles des quartiers les plus favorisés.
Autre point important : les garçons ne lisent pas aussi bien que les filles : 46% sont dans les groupes les plus faibles contre 33% pour les filles. Une hypothèse des sociologues spécialistes de la lecture est que celle-ci serait trop associée, dans l’opinion des garçons, à des qualités féminines de calme et de réflexivité. Peut-être que si les pères prenaient davantage le temps de lire à leurs fils, les scores en lecture progresseraient davantage ? On ne risque rien, en tous les cas, à essayer.
Patricia Humann, Coordinatrice du pôle EPEJ (Ecole, petite enfance, jeunesse) de l’Unaf
1 Le programme PISA (Program for International Student Assessment) est un ensemble d’études triennales menées par l’OCDE depuis l’an 2000 visant à mesurer les performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres.
Les résultats stables de Cedre sur la période 2003-2015 sont à mettre en parallèle avec la chute importante des compétences en lecture relevée par la DEPP sur la période 1987-2007 : deux fois plus d’élèves en grande difficulté de lecture.