Par Catherine Belzung
Ces derniers jours, quelques projets de loi, débattus longuement et avec passion, ont été votés par l‘Assemblée Nationale. En effet, lundi dernier, c’est l’article 1er du projet de loi de révision de la Constitution qui a été adopté (c’est le texte qui inscrit le régime de l’état d’urgence dans la loi fondamentale) et mardi c’était le tour de la loi sur la déchéance de nationalité (sur laquelle nous nous sommes exprimés). Ce qui a frappé nombre d’observateurs, c’est l’absentéisme de nos élus lors de ces séances, et cela malgré la passion avec laquelle ils ont pu se battre contre ces projets, ou les défendre. Par exemple lundi, sur les 577 députés que compte l’Assemblée nationale, seulement 136 étaient présents, soit 24 %. Bien sûr, les enjeux étaient faibles, car le texte devait encore faire l’objet d’un vote solennel, et que tout le monde sait que, le sénat proposant une autre version, il faudrait y revenir. Mais quand même !
Comment des hommes politiques peuvent-ils être crédibles, appeler les citoyens à se rendre aux urnes lors des diverses élections alors qu’ils sont les premiers à se dérober à une tâche pour laquelle ils se sont pourtant fait librement élire et pour laquelle ils sont rémunérés ? Finalement, les citoyens font mieux, car lors de la plupart des élections, la participation dépasse allègrement 35 %, voire plus.
Est-ce que tout cela signifie que finalement, nous vivons une forme de désaffection généralisée pour la démocratie ? Est-ce que nous devons en conclure que le modèle, que nous avons mis tant de siècles à mettre en place et qui est basé sur la participation de tous à la vie publique, est en déclin ? Les choses ne semblent ni si tranchées, ni si définitives. En effet, lorsque l’enjeu est important ou solennel, la participation est au rendez vous. C’est ce que l’on a pu observer par exemple lors des dernières élections régionales, quand le risque de voir arriver le Front National au pouvoir dans certaines Régions a suscité un recul de l’abstention (la participation est passée de 49 à 59.53%). Et c’est ce qu’on a observé à l’Assemblée Nationale lors vote solennel sur l’ensemble du texte, puisque les députés ont été largement plus nombreux que lors des votes sur des parties du texte : en effet, seulement 10 d’entres eux étaient absents (peut être aussi en raison des vives critiques qu’ont suscitées leur absentéisme).
Que faire ? Dans ce genre de situation, il ne s’agit pas de se renvoyer la balle, les citoyens accusant leurs élus et les élus faisant la morale aux citoyens. Chacun doit au contraire faire tout son possible pour stimuler, par un dialogue constant, l’exemplarité de l’autre : l’élu pour stimuler le citoyen, et le citoyen pour encourager l’élu. Car au final, dans une démocratie, chacun est responsable du bon fonctionnement de l’ensemble de la société.
Catherine Belzung, membre du Conseil des Semaines Sociales