Par Etienne Billette de Villemeur et Justin Leroux
Les changements climatiques, tels un « tsunami au ralenti », génèrent implacablement toujours plus d’inégalités entre pays. Certains sont gravement touchés car, au-delà du changement de température, la survie de leur population dépend directement d’une agriculture de subsistance et, donc, de la régularité des précipitations. Dans d’autres pays, où il fait plus froid, le réchauffement climatique cause, certes, des déséquilibres écologiques, mais représente aussi une importante économie sur la facture énergétique.
L’objectif affiché de la COP21 est de parvenir à un accord international permettant de limiter la hausse de la température moyenne mondiale (par rapport à ses valeurs historiques) en deçà de 2°C. Même si cet objectif est atteint, un tel accord n’empêchera pas certaines populations de subir des dommages conséquents à cause de leur seule position géographique. Ce ne serait que justice élémentaire de mettre en place un système d’assurance afin de compenser ces populations pour les aléas climatiques qu’elles subissent.
Toujours pour des questions de justice, le financement d’un tel schéma d’assurance doit être directement lié aux émissions de gaz à effets de serre. Cela implique la mise en place d’un « prix carbone », qui aurait justement pour avantage d’inciter tous les pays à réduire leurs émissions. Dans un article intitulé Partager les coûts du réchauffement climatique, nous montrons qu’en fixant les contributions au schéma d’assurance de sorte à couvrir l’ensemble des dommages, on atteint du même coup une réduction souhaitable d’émissions de Gaz à effet de Serre.
Il est louable de se fixer des objectifs à long terme de réduction d’émissions, comme se propose de le faire la COP21, mais il ne faut pas oublier les populations les plus vulnérables qui, dès aujourd’hui, subissent les conséquences de notre immobilisme.
Etienne Billette de Villemeur, Université de Lille 1 & Chaires Universitaires Toussaint Louverture, Haïti ; Justin Leroux, HEC Montréal