Par Catherine Belzung
Ces dernières années, l’évolution des techniques dans le domaine de la médecine a été à l’origine de bien des questions éthiques, en particulier celles liées à la biologie de la reproduction. Pensons par exemple aux diverses possibilités permises par les méthodes de Procréation Médicalement Assistées (PMA) comme l’insémination artificielle ou la Fécondation in vitro (à deux ou, plus récemment, à trois), aux recherches sur l’embryon, etc…
Souvent on pense que ces « nouveautés » sont uniquement la conséquence de la conjonction de deux facteurs : d’une part une évolution des repères éthiques, les sociétés industrialisées étant de plus en plus permissives en cette matière, et d’autre part un progrès considérable sur le plan des techniques et/ou de la science, rendant réalisable ce qui auparavant était considéré comme de la science-fiction. Peut-être cependant faut-il rajouter un troisième facteur à ce duo, à savoir un changement subtil dans le domaine de la biologie : il est en effet frappant de contater que nous sommes passés d’une biologie intégrée, étudiant les organismes dans leur ensemble, vers un modèle plus réductionniste, considérant que le vivant, ou l’être humain, peut être « réduit » à la somme de l’activité des molécules ou des cellules qui le composent.
Que le réductionnisme soit une approche tout-à-fait pertinente comme méthode d’étude ne fait aucun doute. Par contre, il n’est nullement pertinent de passer d’une méthode réductionniste à une ontologie (un discours sur l’essence de l’être) réductionniste : ce n’est pas parce que pour étudier un organisme j’étudie une ou une chaque protéine que je peux en déduire que cet organisme n’est rien d’autre que la somme de ces molécules !! Or, cette ontologie est l’un des facteurs qui est à l’origine de la permissivité en matière de bioéthique : en effet, si on considère qu’un embryon n’est rien d’autre qu’un amas de cellules ou de molécules, on peut bien sûr en faire n’importe quoi. Comme quoi, les racines de certains questionnements peuvent être parfois plus profondes qu’on ne croit !
Catherine Belzung, membre du CA des SSF
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