ALPHABET, Inc

Par Philippe Segretain

Pour manifester la puissance des logarithmes qu’elle met au bénéfice de chacun une entreprise américaine a été chercher son nom dans la sémantique mathématique : les G de GOOGLE renvoient aux mots savants qui qualifient les données mesurées en giga nombres quand la suite de zéros qui les caractérisent dépassent notre capacité de représentation.

À l’été 2015 cette entreprise a regroupé ses filiales sous un nom : ALPHABET. Cet ALPHABET, Inc. une entreprise de Mountain View, Californie, a une capitalisation supérieure à 500 Mds de Dollars des USA, et son Président exécutif, Larry Page, était déjà le patron de Google. Une polémique est née l’an passé: cette création sépare le rôle de la holding du rôle des différentes entités opérationnelles, chacune sur son métier : Google le moteur de recherche, Calcio les bios technologies, Nest Labs la domotique, etc. Cela aurait-il comme objectif d’atténuer l’image d’abus de position dominante susceptible, en Europe notamment, d’encourir les foudres des législations anti-trust ? Polémique assez vaine car en puissance de détourner un marché, sinon en puissance d’image, un groupe filialisé a les mêmes atouts qu’un groupe intégré. Oui, intégré ou filialisé, un groupe de cette taille, détenteur d’informations sur chaque internaute, est une menace contre le libre jeu du marché et contre notre liberté, et notre intimité.

Mais dans son impudeur ce groupe vient d’ajouter une provocation : se nommer du nom commun, et commun prend ici tout son sens, ALPHABET, ce mot qui fonde notre capacité à lire et à écrire. S’approprier, par l’image sinon par le droit, les deux premiers termes de notre culture depuis les Grecs, Alpha,Bêta. Tenter ainsi une sorte de privatisation de l’un de nos biens communs le plus précieux : ces lettres que dans l’instant je partage avec toi lecteur.

Cher Monsieur Gougueulle, je respecte votre talent, chaque jour vous me permettez de me nourrir des bibliothèques du monde, mais respectez votre client, chacun d’entre nous, qui pourrait bien vous rejeter quand il apparaît que votre stratégie c’est de passer du partage des connaissances au contrôle de la culture.

Certes nous sommes souvent fascinés, et parfois complices de votre succès, mais nous mesurons mieux que défendre notre liberté c’est apprendre à nous passer de vous.

Philippe Segretain, Membre du Conseil des Semaines Sociales

5 Commentaires

  1. CLAVIER

    Séduire : latin seduco : emmener à part, à l’écart, tirer à part vers soi, tirer à soi, séparer, détourner du chemin ; Google sait me séduire, nous séduire ; à nous de le dominer.

  2. Jean-Pierre

    En effet, le meilleur moyen d’affaiblir la position dominante de google, c’est de se passer de lui. Cela implique tout d’abord de ne pas ouvrir de compte gmail. Cela implique aussi de choisir un autre moteur de recherche. Certes c’est très inconfortable car le moteur google est très convivial mais il y en a tout de même beaucoup d’autres : parmi les « payants » il y a bing, son concurrent. Mais on peut aussi faire le choix de se passer du système marchand et d’opter pour des logiciels libres, comme thunderbird et Mozilla pour la messagerie et le navigateur, libre office pour les logiciels de traitement et Ubuntu pour le système d’exploitation. Et si l’on veut anonymiser les données de ses recherches, on peut passer par Ixquick. Bien sûr c’est parfois un peu inconfortable mais je ne vois guère d’autre moyen de se passer d’un système marchand qui ne me semble pas adapté au numérique.

  3. Jean-Pierre

    Ne pas oublier, lorsque l’on fait ce choix, de donner de l’argent régulièrement à ces organismes !

  4. JPR

    Et enfin pour tout savoir sur les logiciels libres, consulter le site de framasoft !
    https://framasoft.org/#topPgCloud

  5. Clément

    Bonjour,
    Logarithme ou algorithme ?
    Depuis quand bing est payant ou mozilla est plus gratuit que chrome de google ?
    Je suis d’accord avec la menace de Google mais je suis surpris par les imprécisions.
    Clément

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