Par Jean-Pierre Rosa
Lorsqu’on lit la presse étrangère, on constate avec stupeur que la grogne salariale est unanimement stigmatisée par l’ensemble des médias. Les photos du DRH en chemise cherchant à s’échapper sont là pour montrer et dénoncer la violence criminelle – oui, le mot est employé – de salariés irresponsables. Certains précisent pour leurs lecteurs qu’il y a là une spécificité française. Un peu comme si, en France, on ne savait pas faire autre chose, en matière de dialogue social, que des grèves et des séquestrations de patrons. Cette communication négative est trop efficace pour être vertueuse et cette mise en image d’un dérapage n’est pas innocente.
Les pilotes d’avion et leur syndicat – normalement le seul admis aux discussions – portent une lourde responsabilité dans ce qui vient de se passer. Eux qui peuvent tous les jours voir et analyser leurs concurrents de par le monde, ne veulent en effet à aucun prix renoncer à leurs privilèges en termes de salaires et de conditions de travail. Non seulement eux mais l’ensemble du personnel ne veut pas regarder en face l’inexorable transformation du paysage de l’aérien, la montée en puissance des compagnies low cost et des compagnies du Moyen Orient qui mettent gravement en péril le modèle économique et entrepreneurial d’Air France. La direction s’est-elle donnée les moyens de former et d’informer, a-t-elle su crédibiliser ses plans successifs ?
On ne peut traiter en quelques lignes d’une situation économique complexe mais ce qui est sûr c’est que l’entreprise doit s’adapter non pas pour faire la course au moins-disant social mais tout simplement pour éviter de disparaître, ce qui mettrait en danger non pas 2 900 mais 100 000 salariés.
Les agressions subies révèlent une colère, une peur, que ni les syndicats, ni la direction n’ont su transformer en levier pour bâtir une alternative de survie pour la compagnie.
Jean-Pierre Rosa, équipe du blog
Le concept de »moins disant social » trop souvent utilisé ne peut utilement informer les lecteurs si on ne prend pas soin de décrire/rappeler la situation de départ: les privilèges de toute nature des uns, par exemple à Air France, EDF ,dans tous les « régimes spéciaux « , dans les conventions collectives avec avancement à l’ancienneté, étaient tolérables en période de croissance . Ces privilèges ont pu être financés par le passé sans douleur. Et ils étaient soigneusement cachés.
Depuis dix ans , insidieusement, ces privilèges ont été maintenus ,voire (très) légèrement renforcés, toujours au détriment des exclus… car avec l’insuffisance de croissance, le chômage est directement alimenté par ce qui est donné « en plus » ou « en autant » aux privilégiés de statuts.
Il faut le dire, l’écrire et le rappeler sans relâche pour faire accepter la solidarité.
Merci de ces précisions. Il faut aussi ajouter que la culture d’entreprise publique – c’est à dire financée sur fonds publics si nécessaire – n’a pas disparu chez Air France, alors même que la structure capitalistique de l’entreprise en fait , depuis une dizaine d’années, un acteur comme un autre.
J’ai beaucoup travaille pour et avec Air France entre 93 et 96 et deja notre compagnie nationale apres un rachat calamiteux d’UTA etait au bord de la faillite et le contribuable avait etait invite sans discussion’possible a sortir de sa poche des milliards de francs mais au moins cela eté assorti d’un plan de reforme autrement plus dur que l’actuel qui avait ete impose par le gouvernement Juppe et le préfet Christian Blanc jacobinôrocardien grand fumeur de cigarres, nomédg.Cela avait permis apres des reformes conduites au pas de charge avec son lot d’injustices(tous les directeurs ont eté vires sauf exception etc…etc… mais aussi de pertinence, le redressement d’AFet la fusion salvatrice avec KLM.A l’epoque l’opposition et le corporatisme des pilotes et a vrai dire de presque tout le monde avait etait brillament surmonte au bout de quatre cinq ans,il est vrai que l’etat controlait la compagnie a 100%,ce qui n’est plus le cas aujourdh’ui .C’est un comble de voir qu’une compagnie privée semble moins capable de se reformer pour rester dans le marché,qu’une compagnie publique.23ans apres 1993 clairement la faillite ou l’opa menace a nouveau personne ne peut pretrendre que ce n’etait pas previsible surtout pas le personnel et les syndicats d’air france .Aucune recapitalisation par le contribuable n’est envisageable et la seule alternative serieuse a la disparition est un effort massif et immediat de retour a la rentabilite c’est a dire la reduction de tous les couts par tous les moyens dans une equite acceptable par toutes les categories de personnel car tout le monde est dans le meme bateau et il,sombre…