Par Catherine Belzung
Alors que paraît un communiqué du conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) indiquant que le nombre d’actes antisémites commis en France a doublé en 2014, est publié un rapport de 235 pages signé conjointement par l’UNESCO et l’Institut Georg Eckert sur l’enseignement de l’Holocauste de par le monde.
Les auteurs ont analysé les 361 programmes et manuels scolaires de 139 pays et territoires, ce qui les amène à proposer une cartographie qui révèle d‘impressionnantes disparités. En effet, de façon étonnante, seulement 57 programmes mentionnent explicitement l’Holocauste (en Europe, aux Etats-Unis mais aussi en Ethiopie), alors que 28 n’y font aucune allusion (en Egypte, en Palestine, en Iraq mais aussi en Nouvelle Zélande et en Islande). D’autres pays comme la Chine ou le Japon mentionnent seulement le contexte général de la seconde guerre mondiale, insistant davantage sur les tragédies survenues dans leur pays comme par exemple les massacres de Nankin en 1937.
UNESCO/Institut Georg Eckert : En rouge les pays dans lesquels l’Holocauste est explicitement enseigné, en orange les pays où seul le contexte de l’Holocauste est enseigné, en jaune pays où aucun enseignement sur l’Holocauste n’est prodigué, en blanc : données manquantes
Même si l’on peut comprendre que les pays se focalisent plus particulièrement sur les tragédies survenues dans leur propre histoire, il ne faut pas oublier que la Shoah se distingue des autres génocides en raison de son aspect massif, explicite, bureaucratique, systématique et industriel. En tant que tel, l’Holocauste est donc un point incontournable, qui ne peut rester ignoré faute d’être enseigné. A juste titre, le rapport se conclut par une vingtaine de recommandations, visant à diminuer ces disparités entre pays, en développant l’enseignement de l’Holocauste dans les écoles de par le monde, afin de contribuer à créer davantage un horizon historique commun, en particulier dans des pays culturellement plus éloignés du monde occidental. Et cela est essentiel, afin de permettre à toute l’humanité de porter en soi cette tragédie terrible, en particulier dans le contexte spécifique de l’essor de comportements antisémites.
Cependant, pour créer réellement une culture commune, il serait peut utile aussi de suggérer de développer dans les pays occidentaux l’enseignement de l’histoire des autres continents et peuples, tel le génocide rwandais de 1994. Condition nécessaire de la paix entre États, ne peut-on pas espérer d’une telle démarche qu’elle permette de développer une globalisation moins superficielle, où chaque homme contiendrait mentalement le monde entier?
Catherine Belzung, membre du Conseil des Semaines sociales de France