Par Jean-Pierre Rosa
Après 5 ans de luttes contre le géant agro-alimentaire Unilever la société Fralib (exploitante de l’usine de thés du site de Géménos, dans les Bouches du Rhone) a pris, ce 26 mai, un nouveau départ. Sa marque sera 1336, comme les 1336 jours de combat qui ont permis aux 58 membres de la société coopérative Scop-Ti (dont 57 anciens salariés de Fralib), de conserver leur usine.
Cette victoire est tout d’abord une victoire humaine, celle des anciens employés qui ont utilisé toutes les armes du combat ouvrier pour arriver à faire plier la grande entreprise. Occupation d’usine, recours judiciaire, mobilisation de la population et des médias.
Mais c’est aussi une victoire du droit et de la justice. En effet ce n’est pas par la force ou par la puissance du verbe que cette victoire a été arrachée mais bien par l’application stricte du droit : 3 décisions de justice ont invalidé les 3 plans sociaux successivement présentés par Unilever en vue de fermer le site et de délocaliser l’activité. Pour éviter un nouveau refus, Unilever, beau joueur, a décidé de céder l’usine à son personnel et de financer – à hauteur de 19 millions d’Euros – la relance de l’activité (mais pas de se dessaisir de la marque Elephant).
C’est enfin une victoire de la démocratie : au cours de ces années, un « habitus » démocratique s’est mis en place : toutes les décisions ont été prises par vote majoritaire en AG. Assez logiquement c’est la société coopérative – la forme la plus démocratique – qui a été choisie pour relancer l’activité.
En ces temps moroses où l’on a parfois l’impression que l’on ferme plus d’usines que l’on n’en ouvre, il faut saluer cette victoire de la volonté, de la justice, de la démocratie … et de l’esprit d’entreprise.
Car il faut maintenant faire de cette victoire ouvrière une victoire entrepreneuriale. Et ce sera désormais à nous, consommateurs, de transformer l’essai.
Par Jean-Pierre Rosa, de l’équipe du blog