Par Denis Vinckier
Il n’est pas si loin le temps (Novembre 2014, lors de la seconde conférence internationale sur la nutrition organisée au siège de la FAO à Rome) où le Pape François exhortait à plus de solidarité et d’actions concrètes en faveur de la nutrition mondiale. Selon lui, la lutte contre la faim et la malnutrition reste tout simplement handicapée par la priorité du marché et la prééminence du profit, qui réduisent la nourriture à une chose que l’on peut acheter ou vendre. Cette déclaration somme toute récente, ajoute aux critiques récurrentes des dérives de la spéculation sur les matières premières agricoles. Le Pape François poursuit de la sorte la mobilisation vaticane pour les questions de sécurité alimentaire, « en tant que droit inaliénable », à l’image de son prédécesseur Benoît XVI qui avait notamment appelé à « remettre l’agriculture au cœur d’une nouvelle politique économique, véritable ressource indispensable pour l’avenir ».
Rappeler ceci au moment où va s’ouvrir la 54ème édition du salon international de l’agriculture (du 25 février au 5 mars) a du sens, d’autant que les pleins phares seront aussi sur ce qui fait de plus en plus l’agriculture aujourd’hui : l’agriculture numérique. Les technologies permettent en effet, et de plus en plus, d’améliorer les rendements et la productivité, dans le respect de l’environnement souvent. Pour maintenir les exploitations et le tissu agricole, on évoque à longueur d’articles et de délibérations des collectivités ces défis agricoles de demain et pour demain : production diversifiée, développement de la recherche, massification des productions locales, agriculture connectée. Il est possible de penser que les nouvelles technologies, c’est-à-dire celles existantes et celles qui arrivent tous les jours, vont permettre de jeter les bases d’une agriculture plus économe, respectueuse de l’environnement et améliorant la situation de celles et ceux qui donnent leur vie à la terre pour le devenir de l’humanité. Souhaitons-le mais soyons vigilants aussi !
Dans un même mouvement, et c’est heureux, les agriculteurs parlent davantage de leurs métiers. Certains évoquent « une révolution HYPERLINK silencieuse » à l’instar de La plateforme #agridemain qui invitera les visiteurs du salon de l’agriculture à voter, parmi plusieurs affirmations et thèmes agricoles, de manière à identifier ce qui semble le plus important. « Ce sera une autre manière de sensibiliser le grand public, mais aussi les candidats à la présidentielle 2017 qui viendront sur notre stand » indiquent les responsables qui souhaitent parler des grands enjeux agricoles qui impacteront la société, mais aussi des conditions de production, de l’innovation qui fait souvent peur au grand public, et de l’emploi. C’est donc aussi cela le salon de l’agriculture.
On peut ainsi garder en tête le ballet des candidats aux différentes élections qui vont défiler devant les élevages en tous genres, 4000 animaux au total. Certes, pendant 9 jours, le Parc des Expositions de la Porte de Versailles, à Paris, va vivre au rythme de l’agriculture avec 1 300 exposants. Une 54ème édition placée sous le signe de « L’agriculture : une passion, des ambitions ». Mais l’agriculture c’est d’abord des territoires et des terroirs. Avec un salon où les régions seront aussi présentes. Pour exemple, la Région Hauts-de-France rassemble 53 établissements de formation agricole, mobilise 100 000 emplois directs et indirects. Sur son stand, la Région aura également à cœur de mettre en avant sa politique de soutien aux producteurs locaux et, plus largement, à tous les acteurs de la filière d’alimentation et aux circuits courts « Je mange local, et vous ? ». L’agriculture redevient ainsi, signe des temps, à la fois un enjeu local et un enjeu global : une bonne nouvelle non ?
Denis Vinckier, vice-président des Semaines sociales de France